Décidément, la lecture de l’actualité belge et mondiale est vraiment déprimante. Alors que les gouvernements cherchent à enrayer la crise mondiale en injectant des sommes astronomiques dans les banques et en cherchant à garantir les avoirs des épargnants, les banquiers semblent n’avoir rien compris. Plus grave encore, ils se moquent éperdument de leurs clients et actionnaires en organisant un banquet particulièrement onéreux à Monaco pour les courtiers de Fortis. On croit rêver. Ces catastrophes bancaires ne pourront pas être assumées par le monde politique sans faire resurgir sur chacun d’entre nous, d’une manière ou d’une autre, des taxes complémentaires.
Pendant que les cours du pétrole baissent de manière très importante (plus de 50 % en quelques semaines), on ne voit pas le carburant diminuer de prix dans de semblables proportions. Les accises sont donc renforcées et les producteurs de pétrole s’en mettent aussi plein les poches… Et pendant cette débâcle totale, le gouvernement belge cherche à planifier son budget. Exercice très difficile en ces temps de crise, chacun y va de son petit commentaire. On admet progressivement qu’un léger déficit est acceptable. Car, sans doute, personne ne veut payer. « La Flandre n’est pas riche », proclame Kris Peeters à la télévision pour justifier ses réticences à aider l’état fédéral. Il est évident que la Flandre ne peut pas tout prendre en charge et que l’effort doit se faire de manière équitable. Nous faisons partie des pays les plus riches de la planète. Il ne faudrait tout de même pas l’oublier aussi vite. Mais le même Monsieur Peeters est sans doute prêt à délier les cordons de la bourse pour financer les clubs de foot flamands si on scinde les championnats belges en deux entités. On le voit, le combat politique communautaire se déplace vers le sport et les activités soit disant non politisées. On connaît déjà les difficultés de financement de certaines institutions culturelles bruxelloises comme Flagey. Le communautaire y est déjà bien présent. La politique s’insinue dangereusement dans ce qui reste encore de l’unité de notre petite Belgique, provoquant alors des réactions en chaîne, tout aussi stupides, que celle du directeur du Standard de Liège qui menace de transplanter son club en France!
Et pendant ce temps des querelles et du capitalisme effréné, on a bien du mal à recueillir des fonds pour ce qui est vraiment important, le bien-être des personnes défavorisée. Exception faite des opérations très médiatisées comme Cap 48 dont la vente des porte photos et la soirée d’hier soir orchestrée par la R.T.B.F. (bravo pour le soutien) les belges ont de plus en plus de réticences pour délier les cordons de leur bourse.
J’en ai fait l’expérience ce samedi avec un concert commenté que je faisais, au profit d’enfants malades dans les hôpitaux liégeois qui ne peuvent pas fournir à leur petits patients bien mal en point et souvent matériellement défavorisés les conditions idéales pour aménager ce qui leur reste à parcourir de l’existence. La salle était bien remplie, mais vu l’engagement des organisateurs (je tire ici mon chapeau à Madame Richard et Madame Jacquemotte), on était en droit d’espérer encore plus de participants. Si ces groupes de bénévoles engagent une énergie folle, dans leurs projets, je les admire, ils ne peuvent cependant pas, à eux seuls, combler ces graves lacunes de notre système et il est vraiment révoltant de savoir, j’habite près du CHR de la Citadelle, que, à quelques centaines de mètres de chez soi (mais c’est partout et toujours injuste !), des enfants qui meurent dans le dénuement et la misère. Vous me rétorquerez peut-être que la misère est bien plus grande en Inde, en Afrique ou en de nombreuses places du monde ; et bien c’est une raison de plus pour que chacun d’entre nous, avec les moyens qu’il a, cesse de se lamenter sur son propre sort, quitte de ce nombrilisme égoïste et regarde ce qu’est devenu le monde. Le peu que nous pourrons faire est déjà un progrès remarquable.
Ce qui représente les vraies valeurs de notre monde est tristement détourné par un individualisme qui nous entraîne à la catastrophe. Vous le savez, je suis loin d’être un moralisateur, mais parfois certaines injustices vous prennent au plus profond de vous-mêmes et vous habitent. Je voulais simplement vous dire que l’essentiel n’est pas toujours là où les médias nous conduisent dans leurs journaux quotidiens. Il est souvent bien près de nous.