Il est bien difficile en ces temps troublés de trouver dans l’actualité un sujet qui peut faire sourire ou s’intégrer dans la philosophie de ma rubrique « le fait de la semaine » tel que je vous l’avais présenté lors de son premier article. Entre les guerres qui s’annoncent et celles qui se déroulent, entre la crise économique et son terrifiant cortège de licenciements, entre la bien triste campagne électorale belge et les problèmes sanitaires qui s’accumulent dans le secteur de l’alimentation, je ne vois, comme fait positif cette semaine, que le recul de la fameuse grippe porcine, dite mexicaine, dite grippe A H1N1.
On ne parlait que d’elle ces derniers jours, multipliant les émissions spéciales tant en radio qu’en télévision. On suivait presque minute par minute l’apparition de nouveaux cas et l’envahissement du monde par ce virus qu’on qualifiait de particulièrement dangereux. On n’hésitait pas à le comparer à la pandémie de grippe espagnole de 1918, bref chacun y allait de son propos alarmiste. Même au sein de la population, le sujet abordait presque toutes les conversations. J’ai même vu à la Fnac des passants se promener avec des masques « protecteurs ». La psychose était bien là. Seule l’OMS gardait un propos mesuré et calme et beaucoup, dont certains médias, n’hésitaient pas à mettre en doute les propos de ces spécialistes qui voulaient « rassurer pour éviter la panique face à la maladie qui gagnait du terrain tout le temps ».
Et voilà que, depuis hier, le titre tant prisé des journaux d’informations a purement et simplement disparu, comme s’il ne s’était rien passé… On a d’abord argumenté que le fameux virus était peut-être moins meurtrier qu’on l’avait initialement cru. On s’est ensuite rendu compte que les malades étaient aussi moins nombreux qu’on le prévoyait. On s’est alors demandé s’il s’agirait bien d’une pandémie (l’OMS n’a pas déclenché encore le stade six, ultime gradation signalant une pandémie dont les critères d’infections sont, par mesure de précaution, placés très bas). On a fini par considérer que la recette médiatique de la grippe avait fini de faire son effet. Elle n’a pourtant pas disparu. De nouveaux cas sont diagnostiqués tous les jours. Mais elle ne tue pas comme on l’avait prévu. Elle n’est donc plus assez spectaculaire et médiatique. Tout, dès lors, peut rentrer dans l’ordre et laisser la place à des faits bien plus « porteurs » (voyage du Pape au Proche-Orient, par exemple où la presse attend sans doute une déclaration ou un événement sensationnel).
Les seuls à avoir pris les choses au sérieux, au vrai sérieux, c’est l’OMS qui a dit dès le départ qu’on ne savait rien et qu’il fallait observer et préparer une éventuelle agression du virus. Mais tout de suite, ses responsables ont joué cartes sur table en précisant que les conditions d’hygiène et la pauvreté de la population de Mexico (20 millions d’habitants, presque le double de la population belge !) favorisait la transmission. Ils ont signalé à de nombreuses reprises, à ceux qui voulaient bien les écouter, que la grippe saisonnière fait bien plus de morts (un sur mille) que le virus porcin en question et que la comparaison avec la grippe espagnole du passé est inadéquate tant le monde a changé depuis d’abord par l’hygiène des pays industrialisés ensuite par les progrès de la médecine et des institutions chargées d’observer scientifiquement l’évolution des virus dans le monde. Leur calme était donc bien sain et réel et il faut saluer nos démocraties qui ont pu mettre au point un tel système de surveillance.
Mexico
Mais cette grippe pourrait revenir. Elle ou une autre d’ailleurs. L’humanité est constamment menacée de la sorte. Il faut bien s’y habituer et être vigilant. On ne saurait jamais répéter assez les règles minimales de l’hygiène individuelle et collective. Elles sont essentielles à la prévention. Et même si on ne rit pas de ces choses là, je me permets tout de même de vous signaler que je n’ai pu m’empêcher de sourire lorsque on annoncé dans les médias qu’un fermier avait transmis la grippe porcine à …un porc !