« On dit généralement que si la musique fait entendre l’écho affaibli du monde de la nature et du monde des hommes, c’est pour en canaliser le bruyant désordre, et vite l’oublier. En transformant les dissonances en consonnances, elle fait croire en la possibilité de mattre le monde, comme le fit Orphée, en harmonie avec lui-même. mais la musique n’est-elle que cela? Prétend-elle toujours n’être que pacificatrice? Pourquoi est-elle, en fait, généralement attentive à écouter et à faire entendre, en sourdine et sous la belle ordonnance de l’organisation de ses mélodies, de ses rythmes et de ses timbres, quelque chose qui lui est étranger et qui ressemble à l’agitation d’un désordre à vaincre, au remuement d’un chaos qui serait sa source – bref, à ce bruit de fond que, parce qu’il résonne comme une sorte d’appel indéchiffrable, la musique recueille comme la vaste houle d’une rumeur à laquelle, fascinés par elle et avec elle, elle nous oblige à prêter l’oreille? » Michel Ribon