Inutile de vous dire que ces jours-ci, les achats de Noël représentent manifestement l’occupation principale de nos concitoyens. Et même si les conditions climatiques ont un peu freiné l’enthousiasme des téméraires acheteurs, le redoux de lundi et mardi a permis de compenser le manque des jours précédents.
Tout cela pour vous dire que le cd n’est pas mort comme certains auraient voulu le faire croire. Assurément, la musique reste l’un des cadeaux préférés des belges. Il est évident que la presse, en mettant en exergue toute une série de produits « marketing », fait mouche à chaque fois. Du côté classique, après les succès annoncés et réalisés de Cecilia Bartoli et Philippe Jaroussky, les ventes les plus exceptionnelles sont, avec le superbe coffret de musique sacrée (40 cd’s) publié par Harmonia Mundi, les fameuses éditions « 111 » dont je vous parlais récemment. Jusque là, rien d’imprévu !
Mais lorsqu’on observe les ventes des magasins flamands, on ne peut qu’être interloqué par la quantité vendue d’un petit coffret intitulé Klara top 75 (édition 2009). Les Fnac du nord du pays en ont vendu plus de 5000 ! Publié par Radio Klara, la station radio classique de Flandres en collaboration avec Universal Music, il faut avouer que la compilation des airs les plus connus du classique est bien ficelée. A grands renforts de publicités télévisées, de spots radio et d’articles de presse, ce seul produit fera la différence de rendement entre les magasins du nord et du sud de la Belgique. Lorsque je me suis aperçu de cet énorme décalage et de la qualité exceptionnelle du produit que même nos représentants n’avaient pas eu l’idée de nous présenter, j’ai commandé quelques coffrets Klara pour les recommander à mes clients … qui n’en ont pas voulu ! La sobriété du coffret, l’absence de livret et les œuvres annoncées seulement en néerlandais les ont découragés. Attitude bien stupide et bien wallonne aussi, car « peu importe le flacon pourvu qu’on ait … ». Résultat, j’en ai vendu deux !
Mais pourquoi, diable, nos médias francophones n’en font-elles pas autant ? J’ai l’impression que notre public et nos mélomanes seraient, eux aussi, ravis de pouvoir offrir une compilation de cette qualité entourée de promoteurs aussi importants que la RTBF et Universal Music… Mais y a-t-il autant d’énergie, voir de synergie (c’est un mot à la mode) entre la division belge du géant du disque et notre chaîne radio francophone ? Pas sûr ! Le personnel des grandes marques de disques sont, en Belgique, presque tous des néerlandophones. Certes, ils parlent le français, mais la Wallonie, pour eux, c’est une partie négligeable de la Belgique qui représente à peine 30% de leurs ventes classiques. C’est bien connu, « les flamands sont de meilleurs mélomanes que les wallons » peut-on entendre régulièrement de la part des dirigeants de ces grandes boites. … « Et puis, ils n’ont qu’à se tourner vers les nombreuses compilations que le marché français propose… » Mais voilà, les produits spécifiquement français ne peuvent pas se vendre à l’étranger si les distributeurs ne payent pas les droits pour le faire. La conséquence est simple. On doit refuser de nombreux titres dont les chaînes françaises écoutées en Belgique font la publicité. Croyez-vous que le public y comprenne quelque chose à ces lois qui datent d’un autre âge et qui vont à l’encontre de ce que l’Europe devrait promouvoir ? Alors, la conséquence est simple. La Wallonie n’a qu’à vendre ce qu’on veut bien y produire et lui livrer. Des exemples comme ceux-là, je vous en donnerais par dizaines. C’est tous les jours que nous sommes confrontés à ce séparatisme muet et sournois qui empoisonne notre pays.
Quand on y réfléchi bien, c’est un peu la même chose que lorsque les flamands de New York redessinent la Belgique et déplacent Bruxelles pour reléguer la Wallonie en France ( http://www.rtbf.be/info/belgique/politique/quand-la-flandre-raye-la-wallonie-de-la-carte-172151 ). Ce n’est pas un hasard si, quand on se rend à l’étranger, on s’étonne qu’en Belgique on parle aussi le français. S’agirait-il d’une véritable propagande ?
La Belgique selon certains flamands
La Belgique dans sa réalité géo-politique
Vous le savez bien, je suis pour le respect de la culture de tous les individus, mais je constate, avec amertume, que, de part et d’autre de ce qu’il faut bien appeler la frontière linguistique, on ne se comprend plus, on ne veut plus travailler ensemble et que les coups bas sont de plus en plus nombreux. En ces temps de Noël où, pour beaucoup d’entre nous souffle l’esprit de la fête, même dans la distribution des cadeaux, tous les belges ne sont pas égaux.