Chez Mozart, la flûte enchantée permet à Tamino de charmer les bêtes féroces et de calmer les esprits agités. Elle devient donc un objet d’initiation qui permet d’entrevoir la bonté. C’est finalement, en ajoutant à la flûte enchantée de Delphine Antoine le merveilleux piano de Marie Havaux le sentiment formidable que nous avons ressenti lors du concert d’hier soir à l’U3A.
Les quelques cinquante auditeurs fidèles qui avaient fait le déplacement ne l’ont pas regretté. Car je n’avais pas pensé, en programmant ce concert à cette date que les vacances de Pâques étaient si proches et que je n’aurais pas l’occasion de diffuser les informations correctement, que les affiches n’auraient pas un vrai impact puisque personne ne défile pendant les congés scolaires dans les classes et les couloirs de l’U3A. Puis, qu’on le veuille ou non, tous n’ont pas encore le réflexe de s’informer par le blog ou par Facebook où j’avais diffusé les informations. Toujours est-il que nous n’avions hier qu’une petite demi-salle. Une audience de qualité, certes, que les musiciennes ont su apprécier à leur juste valeur, mais insuffisante au regard de la qualité de la prestation.
La Sonate de Poulenc respirait la clarté, la liberté, le chant dans tout ce qu’il peut avoir de ressourçant. Chaque nuance, chaque phrasé, l’équilibre parfait de la musique de chambre, tout y était. Ces jeunes musiciennes ont déjà une fameuse liberté quant à l’expression sonore qui résulte, comme on le sait, de la maitrise technique de l’instrument alliée à une forte sensibilité.
Le Merle noir de Messiaen est une œuvre que beaucoup de virtuoses de la flûte ont mis à leur répertoire. Peu pourtant parviennent à lui rendre un climat spontané pourtant indispensable. Il ne s’agit pas seulement d’imiter l’oiseau, il faut en rendre toute la stylisation, y intégrer un rythmique très complexe, parvenir à ces moments de contemplation extraordinaire et y faire sentir toutes les nuances dynamiques ainsi qu’un tempo parfois très capricieux… C’est qu’un oiseau, cela ne chante pas en mesure, son chant n’est pas symétrique. Il échappe en grande partie à la conscience bien réglée des musiciens. Messiaen a su écrire ce chant, il a su le transcender. C’est également cette transcendance qu’ont pu atteindre Delphine Antoine et Marie Havaux.
Franchement, des musiciens de ce niveau, on en redemande… On les retrouvera bientôt, j’en suis sûr… bravo à toutes les deux !