Apothéose

C’est déjà fini! Je dis cela avec un peu d’humour mêlé de cette mélancolie qui vous prend lorque vous avez vécu quelque chose de marquant. C’est évidemment beaucoup de travail, de stress, d’incertitude et maintenant de soulagement pour tous ceux qui ont organisé ce Festival "Amériques" de l’OPL. Je crois qu’on peut affirmer que ce fut un succès. Le public a répondu présent, les prestations ont été d’un très haut niveau. Nous revenons tous à notre vie quotidienne en nous réjouissant déjà des futures manifestations de ce genre (bientôt la suite du festival Brahms).

Le dernier concert a été, une fois encore, riche en découvertes. Qui a jamais entendu parler de Leo Sowerby? Pas moi en tous cas! j’aime les découvertes, surtout quand elles cachent des trésors de la sorte. C’était aussi l’occasion de ré-entendre les orgues de la Salle Philharmonique aux sonorités si subtiles. Les variations pour orgue sur "America" sont surprenantes. Je ne savais pas que le "God save the Queen" avait été aussi l’hymne américain! On y reconnait à la fois la sagesse puritaine américaine d’un compositeur qui hésite ici à nous faire part du modernisme de ses autres oeuvres.

Décidémment, Barber m’étonnera jusqu’au bout. Pourquoi ne joue-t-on jamais cette Toccata Festiva en concert et au disque? C’est pourtant une oeuvre qu’on aimerait approfondir. Rien à voir avec l’Adagio pour cordes…c’est un déploiement sonore remarquablement orchestré et doté d’une virtuosité à l’orgue (la cadence au pédalier) sensationnelle.

C’était une bonne idée de terminer le festival par la célébrissime symphonie du "Nouveau Monde" de A. Dvorak. Nous pouvions apprécier le chemin parcouru entre le compositeur tchèque et Varèse ou Messiaen. Nous pouvions, une fois de plus remarquer que la musique américaine doit beaucoup aux musiciens européens. Si la grande symphonie de Dvorak est avant tout la vision d’un homme déraciné qui utilise une large part de son folklore national dans son oeuvre "américaine", le métissagese se fait surtout sentir dans le mouvement lent inspiré par la légende de Hiawatha illustrée dans la poème de Longfellow. Cette superbe mélodie du cor anglais est presque devenue le symbole du Far West tant elle est associée aux grands espaces américains. Dvorak, lui-même, disait: "L’influence de l’Amérique doit être ressentie par quiconque a du flair" (cité par G. Erisman, Dvorak, Paris, Fayard, 2003, P.294).

Pour le reste, la symphonie est surtout une grande oeuvre romantique inspirée par le folklore national d’Europe centrale. J’ai trouvé l’orchestre un peu fatigué (on le serait à moins!) et Pascal Rophé un peu moins inspiré. Il aurait pu prendre un tempo moins rapide dans le scherzo (troisième mouvement) et jouer sur la variété des éclairages. On aurait gagné l’esprit populaire de ces danses un peu rustres qui caractérisent la Bohême sans être absolument virtuose…Ceci dit, quelle prouesse pour un orchestre et un chef de jouer autant d’oeuvres difficiles et souvent nouvelles en une semaine!

Le stand Fnac a aussi été une réussite. Les comptes restent à faire, mais il est évident que, outre le stand du festival Mozart, c’est celui qui aura le mieux marché. C’est une belle revanche pour nous sur les dificultés du marché du disque déjà évoquées dans un autre message. En effet, nous avons pu montrer que le cd est encore bien vivant. Qu’il soit un souvenir de l’interprète entendu ou le résultat de l’audition d’une oeuvre en concert, j’ai bien observé l’enthousiasme des auditeurs face à notre stand. C’est encourageant et tant que je le pourrai, je chercherai à convaincre la direction de la Fnac et les maisons de disques de l’utilité de nos présences à l’extérieur du magasin. Cette réussite n’aurait pas pu avoir lieu sans les aides que nous avons recues de l’OPL. Je veux ici remercier de tout coeur toute l’équipe. Malik pour son accueil toujours sympathique et chaleureux, Séverine pour l’énergie qu’elle met à organiser les séances de dédicaces et Laurent pour la mise en place du concours.

Merci aussi et surtout à Jean-Pierre Rousseau, Pascal Rophé, Stéphane Dado et à tous les musiciens qui cherchent à donner à Liège une orchestre de haut niveau et qui acceptent de prendre les risques de la programmation. Vivement la suite…!