Solfège

J’ai souvent l’occasion d’aider des élèves d’académie de musique à préparer leurs contôles et examens de solfège. J’ai constaté à de nombreuses reprises, outre les habituels problèmes de justesse, d’oreille et de lecture, une forte incapacité à battre la mesure correctement.

Comme si cet aspect de la technique musicale n’était pas indispensable, la psychomotricité du bras et son indépendance vis à vis de l’articulation des sons semble souvent négligée. Conséquence immédiate: le chaos temporel d’une exécution musicale. Les élèves semblent ne pas se rendre compte de l’importance de ce paramètre.

Battre la mesure est essentiel pour la réalisation correcte du temps musical. Le travail du bras, qui semble ne poser des problèmes qu’à l’apparition de syncopes, de décomposition de mesures ou d’asymétries, doit faire partie intégrante de l’enseignement du solfège. Le bras doit devenir indépendant, comme un métronome, et servir à la stabilité du tempo et la précision des rythmes. Bien assimilée, la battue est une aide précieuse à la lecture et un garant d’équilibre temporel.

Il ne s’agit pas de jouer au chef d’orchestre. Ce dernier ne bat pas la mesure pour lui-même, mais pour transmettre aux musiciens (qui maîtrisent les mesures simples et complexes et les rythmes les plus ardus) sa propre direction temporelle souvent subjective. Par contre, les mouvements de l’élève doivent être clairs, droits, courts et anguleux pour bien séparer les temps mais jamais contractés. La battue ne doit pas être expressive (du moins au début), mais objective. Une fois bien assimilée, elle devient indépendante et le véritable support de l’exécution musicale.

La dimension temporelle me semble être l’un des fondements de la musique, nous en reparlerons. Sans elle, aucune exécution n’est possible. Elle est le préalable à toute tentative de lecture et d’interprétation.