C’était hier le coup d’envoi du festival "Amériques" de l’OPL. Une journée haute en couleur avec ses fanfares d’abord, puis le concert Ives, Mc Dowell, Barber et Gershwin.
Pour des raisons professionnelles, je n’ai pu entendre que la seconde partie du concert du soir. J’ai d’abord été ému par la musique si reconnaissable de Barber. Les cordes évoquent la profonde mélancolie typique de l’adagio et du concerto pour violon. La virtuosité des vents, en contraste, nous montre un musicien plus moderne imprégné des rythmes et hamonies de l’Europe du début du XXème siècle.
Cela m’a fait penser à "The Unanswered Question" (La question sans réponse de Ch. Ives), qui d’une manière plus audacieuse encore divise l’orchestre en deux entités: les cordes comme souvenir du monde romantique et les vents comme symbole de la modernité. Je n’ai pas pu entendre "Central Park in the Dark" du même compositeur qui propose la peinture fantastique d’une nuit d’été en plein air. Là aussi, dissociation ds orchestre et effets de spatialisation contribuent à l’évocation d’une ambiance très étrange.
Je ne connais pas le concerto pour piano de Mc Dowell et je ne l’ai pas entendu. Par contre, je n’ai pas boudé mon plaisir à me laisser aller aux rythmes et aux couleurs de Gershwin. "An American in Paris" est une pièce maîtresse car elle montre à la fois la culture américaine du compositeur (blues, jazz, chansons traditionnelles, …) et les influences occidentales dans les rythmes proches de Stravinsky et des orchestrations colorées à la manière de…Ravel.
Le plaisir de la musique et des rythmes était, je crois, partagé par la plupart des musiciens de l’orchestre. Par son chef d’abord, P. Rophé qui n’hésite pas à se déhancher sur les syncopes expressives de cette musique, les trombones qui laissent échapper leur plaisir en bougeant plus que de coutume. Enfin, si on est habitué à voir Jean-Luc Votano (clarinette solo) vivre la musique intensément, il semble que le virus se soit répandu dans l’orchestre entier.
C’est de bonne augure pour la suite de ce festival. Vivement la suite!