Je n’ai jamais été un fan de jazz. J’ai pourtant suivi quelques temps les superbes cours de Jean-Pol Schroeders. Séduit par l’histoire fantastique de cette aventure musicale, je ne suis jamais parvenu à y trouver l’émotion que toute approche musicale doit contenir.
Dans les nombreuses écoutes qui préparent la présentation d’une oeuvre musicale, j’ai été amené ces derniers jours, à ré-écouter le standard "Summertime" de Gershwin dans la célèbre version d’Ella Fitzgerald et Louis Armstrong et à le comparer avec une version classique de l’opéra Porgy and Bess. Le but était d’exprimer le plus simplement possible les influences mutuelles entre le jazz et le classique afin d’introduire l’analyse de Rhapsody in Blue.
Ce n’est sans doute pas original, mais dès les premières notes de la trompette d’Armstrong, j’ai été submergé par une émotion très forte. Celle-ci s’est encore amplifiée à l’entrée de Fitzgerald. Sa voix parfaite, la justesse de ton, l’intensité de son timbre et le swing authentique ont provoqué en moi un sentiment de douce mélancolie.
Dans mon enfance, j’ai beaucoup entendu cette chanson. Mes parents l’écoutaient souvent avec bonheur. "Summertime" faisait partie de l’ambiance familliale et J’ai revu des images depuis longtemps enfouies dans ma mémoire. Cela m’a fortement touché.
Je ne serai sans doute jamais accroc au jazz, mais il y a au fond de moi quelque chose qui s’ébranle lorsque j’entends cette mélodie.