Le moins que l’on puisse dire, c’est que la nouvelle saison des concerts de l’U3A commence bien. En ouverture, nous avions la chance de recevoir le jeune pianiste Harold Noben dans un récital Bach, Haydn et Beethoven. Le public était au rendez-vous. Nous étions une centaine dans la classe 11, notre salle de concert et, désormais, notre salle de cours.
Formé au conservatoire de Liège où il a obtenu le diplôme supérieur de piano dans la classe de Jean Schils en collaboration avec Madame Cornia, Harold Noben se produit très régulièrement en tant que soliste et chambriste. Il a collaboré avec l’Orchestre Philharmonique de Liège dans la séance le « Dessous des Quartes » lors du festival « Il est né le divin Mozart ».
Son vaste répertoire ne s’arrête pas au piano classique. Très attiré par la composition, il diversifie aussi ses activités dans le domaine du jazz et des musiques du monde. En 2006, il fonde le trio Cardamome avec Chikako Hosada et Sébastien Walnier. La musique qu’il compose pour son ensemble est toute personnelle et métissée. Un premier album du trio sortira en mars 2009 chez Homerecords.
Le programme qu’il nous offrait hier était extrêmement délicat. On sait toute la difficulté de donner aux suites anglaises de Bach toute leur clarté polyphonique sans oublier que les danses sont contrastées et chacune articulées pour donner une variété d’émotions. Certains tempi très rapides sont dangereux à aborder sur notre vieux piano. On y a découvert, dès les premières notes un pianiste au tempérament de feu, sachant faire passer toutes les nuances de cette musique. Je retiens en particulier les deux gavottes qui sonnaient merveilleusement bien.
L’excellence de notre musicien s’est surtout fait entendre dans la difficile sonate en si mineur de Haydn. On connaît bien les tourbillons de cette musique à l’esprit « Stum und Drang » avec ses rebondissements formidables, ses cassures abruptes et ses rythmes irréguliers. Tout y était remarquablement senti. Le public ne s’y est pas trompé, réservant à la prestation un enthousiasme formidable.
Le récital se terminait par des œuvres très attachantes. Les six Bagatelles de l’opus 126 de Beethoven sont les dernières œuvres pour le piano de celui qui nous a laissé la somme des trente deux sonates et des variations Diabelli. Six miniatures qui contiennent tout le dernier Beethoven. Sérénité, agitation, humour, voir ironie et hommage à Bach s’y trouvent comme la quintessence de son art. Harold Noben a voulu nous montrer la diversité des climats, le modernisme de l’harmonie et, parfois la violence de la rythmique. Ce sont des œuvres qui, par leur condensation extrême doivent longtemps mûrir chez un interprète. Si sa vision est impeccable pianistiquement et, dans une large mesure, musicalement, il n’y a pas de doute qu’elle se transformera encore beaucoup au cours de son parcours musical qui promet beaucoup.
Sous une apparence un peu timide, Harold Noben déploie une musique d’une rare vitalité et d’un haut niveau technique. On en redemande, vive la musique et vive le piano joués avec un tel brio… !
Rigueur dans le classicisme,fougue surprenante dans la fantaisie…
Harold Noben: c’est « toute la musique que j’aime « !
Bravo l’artiste !