Et nous voici parvenus à l’instrument le plus grave de la famille des cordes, la contrebasse. Familièrement, les musiciens l’appellent «la grand-mère». On remarque que, comme beaucoup d’instruments à cordes (guitare, violoncelle, …), elle est associée à une personne de sexe féminin. « Ce sobriquet semble avoir pour origine le disque qui fit les beaux jours de la pédagogie musicale dans les années 1960, « Piccolo, Saxo et Compagnie, qui racontait l’histoire d’une aimable famille dont les membres n’étaient autres que les instruments de l’orchestre symphonique. Dans cette histoire, la belle voix grave de Mamie était celle de la contrebasse » Wikipédia.
Elle peut se jouer en frottant les cordes avec l’archet (arco) ou en les pinçant avec doigts (pizzicato). Elle est bien sur utilisée dans le répertoire orchestral de la musique classique, mais trouve de nombreuses autres applications dans le domaine du jazz (où elle est à la base même de la section rythmique), du blues, du rockabilly ou du tango.
Les bois utilisés pour sa fabrication sont sensiblement les mêmes que pour les autres instruments à archet (épicéa, érable, ébène, …). Pour les instruments d’études, donc de moindre coût, on utilise du contreplaqué, ce qui réduit fortement les performances vibratoires et donc sonores de l’instrument. Les techniques de lutherie moderne font également appel au fibre de carbone.
Contrebassistes de l’Orchestre National de Belgique
Les musicologues, spécialisés dans l’organologie, on discuté bien longtemps sur l’appartenance de la contrebasse à la famille des violes de gambe ou des violons. Paul Brun, contrebassiste à l’Orchestre national de Lille, devenu par ses recherches le plus grand spécialiste de l’instrument, a prouvé que, malgré certaines violes de gambe aménagées en contrebasse par la suppression des frettes (barrettes sur le manche), elle faisait bien partie de la famille des violons.
L’apparition de la contrebasse remonterait à la deuxième décennie du XVIIème siècle lorsqu’elle succéda au violone et à la basse de viole. Elle fut très vite intégrée aux orchestres où elle doublait les violoncelles. Son émancipation progressive ne fut réalisée qu’à l’époque romantique, au moment où les compositeurs prirent conscience de l’opportunité de la doter d’une partition à part entière.
Saint-Saëns, Carnaval des animaux, les éléphants
La contrebasse s’écrit une octave plus haut que sa véritable tessiture pour éviter trop de lignes supplémentaires sous la portée en clé de fa. C’est donc pour la facilité de la lecture qu’une telle écriture a été adoptée et non pour en faire un instrument transpositeur (on ne possède en effet pas de clé suffisamment basse pour l’écrire comme elle sonne). Elle possède quatre ou cinq cordes qui sont accordées en quartes (et non pas en quinte comme les autres instruments de la famille), comme la guitare, pour des facilités de doigtés (la grande longueur du manche est responsable de ces difficultés d’écartement des doigts). Dans les orchestres symphoniques, la contrebasse à cinq cordes est la norme puisque seul cet instrument peut jouer les notes les plus graves fréquemment utilisées dans les partitions d’orchestre.
La contrebasse utilise deux types d’archets. Le français, identique à celui des autres instruments et l’allemand, plus court et tenu comme l’archet des violes de gambe. Ce dernier, plus ancien fut supplanté vers 1800 par le français adopté par le célèbre contrebassiste Giovanni Bottesini. Ils sont fabriqués dans un bois du Brésil appelé pernambouc. Quant aux cordes, elles étaient en boyau jusqu’à la moitié du XXème siècle avant d’être largement remplacées par des cordes en métal, beaucoup plus solides et endurantes. Les boyaux sont à nouveau utilisées dans le cadre de la musique baroque et dans le blues traditionnel. Les cordes métallique semblent permettre une virtuosité plus grande,
un jeu plus rapide (car les cordes sont plus proches du manche) et surtout une sonorité correcte et une justesse précise dans les positions hautes.
Archet allemand
Archet français
Le répertoire de la contrebasse comprend des concertos originaux de compositeurs classiques et romantiques comme Vanhal, Dittersdorf, Bottesini, … mais pratique également des œuvres transcrites du violoncelle. Dans la musique de chambre, elle trouve un usage particulièrement saisissant dans les quintettes avec contrebasse de Boccherini ou le très célèbre quintette « La Truite » de Schubert. Notons encore que l’instrument figure aussi de manière brillante dans des quintettes pour cordes de Dvorak et Milhaud tandis que Prokofiev la joint au hautbois, à la clarinette, au violon et à l’alto. En guise d’illustration sonore, voici le fameux air tiré du Carnaval des animaux de C. Saint-Saëns, l’Eléphant qui est une parodie de la Danse des sylphes de la Damnation de Faust de Berlioz.