Le piano

 

 

Les intempéries de ce dimanche m’ont laissé un peu de temps le matin à la Fnac pour parcourir un peu les rayons désertés par les clients. Mais l’accalmie fut de courte durée car dès que se sont arrêtées les averses de neige, les fervents acheteurs du dimanche sont arrivés en nombre, me ramenant ainsi à la réalité des périodes de fêtes. J’ai pourtant eu le temps de dénicher un petit ouvrage bien intéressant touchant à tous les aspects, qu’ils soient techniques ou historiques, du piano. La simplicité du titre et la belle couverture m’ont immédiatement  interpellé : Denis Levaillant, Le Piano, Editions du point d’exclamation, distribution Harmonia Mundi, Clamecy, 2009.


Levaillant, Le pianoComme le disait hier Jean-Pierre Rousseau, on constate chaque jours l’étendue de notre ignorance. Ainsi, l’auteur de cet ouvrage m’était totalement inconnu malgré une célébrité qui semble avoir dépassé, et de loin, les frontières de l’Hexagone. Pianiste et compositeur français né à Paris, Denis Levaillant commence à étudier le piano à l’âge de six ans avec Magdeleine Mangin, à Nancy. À douze ans, il enregistre les Valses nobles et sentimentales de Ravel.

Dans les années soixante-dix, il travaille avec la chorégraphe Karin Waehner, accompagne des cours de danse chez Joseph Russilio, étudie l’orchestration, s’initie à l’improvisation et au jazz. En 1973, il obtient une licence de logique et, l’année suivante, une maîtrise de philosophie (esthétique). Denis Levaillant signe aussi sa première œuvre radiophonique, Circus virus, qui marquera le début d’une collaboration suivie avec Radio France. Il travaille pour le cirque avec le groupe de jongleurs et acrobates Les Barello, et se trouve confronté à la nécessité d’une expression musicale immédiatement populaire. En 1978, la première commande pour une musique de ballet qui lui est passée émane de l’Opéra de Paris. Commence alors une longue série de collaborations avec des artistes de la danse et du théâtre (Stéphanie Aubin, Dominique Bagouet, Joëlle Bouvier/Régis Obadia, Christian Colin, Michel Dydim, Alain Françon, Michel Hermon, Brigitte Lefèvre, Dominique Petit), collaboration qui se poursuivra tout au long des années 1980 : rejetant le formalisme d’une certaine musique contemporaine, il développe une interprétation du répertoire et une écriture musicale étroitement liées à l’expression dramatique.

Il collabore alors au développement des premiers traitements du son sur ordinateur à l’INA-GRM (Piano-transit, Éloge du zarb, Éloge de l’eau, Drama symphony) et conçoit un art particulier de la diffusion du son dans l’espace théâtral, la «multiphonie», qu’il utilisera dès son premier spectacle lyrique Deux pièces à louer, présenté en 1983 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Dans ces mêmes années, il s’implique dans les nombreuses réformes engagées par Maurice Fleuret et publie L’Improvisation musicale (1980).

Lauréat de la Villa Médicis hors les murs (New York 1983-1984), il travaille régulièrement aux États-Unis jusqu’en 1988, où il poursuit ses activités dans le jazz, travaillant avec Kenny Wheeler, Tony Coe, Pierre Favre, Barre Phillips, Barry Altschul. En 1984, le Groupe Vocal de France crée sa première partition pour chœur, Les Pierres noires, prélude à une série d’œuvres vocales importantes (Madrigaux de guerre pour cinq voix d’hommes en 1992, Tombeau de Gesualdo pour chœur et contre-ténor en 1994, Sunny Cash passion) regroupées en un cycle intitulé Passions. Il reçoit le Prix Italia 1988 pour Speakers, la matrice radiophonique de son deuxième opéra O.P.A MIA, créé au Festival d’Avignon et à l’Opéra Comique en 1990 dans une mise en scène d’André Engel et avec des décors d’Enki Bilal. D’autres cycles naissent dans les années 1990 : pour instruments solistes (Éloge de l’outil), pour orchestre (Le Livre des transformations),pour ensembles de chambre (Figures), pour le support radiophonique (Éloge de la radio pour orchestre de chambre, deux bruiteurs et archives radiophoniques).

En résidence pour trois saisons à la Maison de la Culture d’Amiens à partir de 1993, Denis Levaillant y présente notamment Piano circus (spectacle musical pour un pianiste et un magicien), Echo de Narcisse (concerto pour piano et orchestre, 1996).

En 1995, il fonde avec l’éditeur Frédéric Leibovitz le Cabinet de Musique Généraliste, dont il dirige la production discographique, diffusée aux professionnels de l’audiovisuel. La même année, l’Auditorium du Louvre et l’Ensemble InterContemporain lui commandent une musique nouvelle pour le dernier film muet de Fritz Lang, Die Frau im Mond. Parmi ses autres créations les plus récentes : Les Couleurs de la parole (pour l’Orchestre Philharmonique de Radio France, 1991), Le Clair, l’obscur… Quatuor n°2 (créé par le Quatuor Arpeggione en 1997), Paysages de conte, cinq pièces pour grand orchestre (créé par l’Orchestre Philharmonique de Radio France en 1998), TechnoSpacePiano, spectacle pour piano, platines vinyles et musique électronique (1999) et La Petite Danseuse, ballet commandé par l’Opéra de Paris composé en 2002.


 



 

 

Le Piano est un livre de pédagogie fondamentale, qui synthétise l’ensemble des connaissances utiles sur l’instrument (histoire de la facture, de la littérature, de l’interprétation, principes de base de la technique, répertoire choisi) et s’adresse à tous les pratiquants: élèves et professeurs des Ecoles de musique et des Conservatoires, mais aussi adultes amateurs. Ce livre est paru dans une première édition en 1986 chez Lattès/Salabert et a été rapidement épuisé. Il est dans les médiathèques considéré comme une référence et il est toujours recherché. L’ouvrage est enrichi d’un DVD comprenant deux films (que je n’ai pas encore visualisés), l’un sur les principes de base de la technique pianistique, l’autre, Piano solo piano, est un récital de l’auteur lui-même interprétant ses propres œuvres…

 

Belle découverte et bonne idée cadeau assurément, cet ouvrage pour mélomanes soucieux d’approfondir quelque peu leurs connaissances d’un des instruments d’une richesse exceptionnelle.

 

 

 

Un avis sur “Le piano

  1. Merci de votre commentaire sympathique. Je me souviens d’ avoir été plusieurs fois à Liège quand j’étais en contact avec Henri Pousseur, que j’aimais beaucoup. Maintenant que je ne suis plus un inconnu pour vous, j’espère que vous resterez en contact! Bien cordialement. Denis Levaillant

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