Deux ans…bilan!

 

Deux ans déjà que je tiens ce blog avec passion… deux ans qui m’ont obligé à acquérir une certaine discipline, celle d’être présent presque tous les jours sur la toile avec les sujets qui me font plaisir ou me déplaisent ! Avouez cependant que les coups de cœur sont bien plus nombreux que les coups de gueule. Je dois vous avouer que j’y trouve beaucoup de plaisir et que vous me le rendez bien. Quand je regarde la fréquentation et les statistiques précises des articles, je me dis que vous y trouvez, vous aussi, du plaisir. Cela me fait chaud au cœur. Cela me pousse, vous l’aurez compris, à continuer de plus belle. 

Mais ce blog ne serait pas celui que j’ai voulu sans un travail de tous les instants sur moi-même. La grande majorité des textes sont le reflet de celui qui les rédige. C’est très bien ainsi. Il est donc très personnel et les différents articles que j’écris au fil du temps sont l’authentique miroir de ma personnalité. Si les articles de fond sur les œuvres des compositeurs et des artistes se basent avant tout sur l’analyse musicale, la critique historique et des données « scientifiques », ils n’en restent pas moins, in fine, le reflet de ma vision personnelle de l’œuvre et, comme on dit dans ces cas là, ils n’engagent que moi. 

C’est donc bien de ma sensibilité qu’il s’agit tout au long de ces lignes. Mais qui dit sensibilité dit aussi vision du monde et là, il s’agit de ne pas avoir peur de se dévoiler, de se mettre à nu face à des lecteurs qui ne vous connaissent pas et qui peuvent donc extrapoler sur ce que je suis. C’est alors plus dangereux qu’on ne peut le croire ! C’est aussi la raison pour laquelle j’évite de dévoiler ma vie privée et m’interdit de parler ici des choses intimes qui ne regardent que mes proches et moi-même. Et lorsqu’il m’arrive tout de même de faire exception à cette règle, c’est toujours pour tenter d’aborder une réflexion sur un sujet bien plus vaste.


 

JMO Blog


 

Je n’ai pas la moindre intention moralisatrice. Ni dans le cadre de ce blog ni ailleurs. Je ne me suis jamais senti investi de quelque mission que ce soit pour porter un jugement sur le monde. Si j’évoque souvent les situations de toutes sortes qui caractérisent notre époque (il suffit d’écouter, de regarder ou de lire un journal!), c’est uniquement pour les rattacher à mes préoccupations humaines.

C’est vrai qu’il est facile d’observer le monde quand on a une certaine sécurité. L’expression « le cul dans le beurre » est tout à fait adéquate pour désigner ceux qui, comme moi, ont la chance de pouvoir s’intéresser à l’art et s’interroger sur les rapports de ce dernier avec l’homme. Il devient alors facile de tracer de grandes théories sur la tolérance et l’ouverture vers l’autre.

Je ne serais sans doute pas si loquace sur la question si je devais me demander tous les jours ce que ma fille va manger, comment nous allons nous réchauffer en hiver et si, chaque fois que je pars travailler (à condition d’avoir du travail), je ne vais pas prendre un coup de couteau dans le ventre.

La sécurité en question est effectivement un luxe aujourd’hui. …Et il faut bien se rendre compte qu’elle n’est jamais acquise. Tout peut basculer du jour au lendemain. C’est l’une des raisons qui m’amènent à profiter de cette chance pour réaliser mes aspirations profondes et me consacrer à mes passions.

Chercher à être conscient du monde dans lequel on vit ne consiste pas nécessairement, je crois, à renoncer à tout sous prétexte que d’autres n’ont rien. C’est simplement être lucide sur la nature humaine. Dans ce cas, l’art peut nous apporter les témoignages les plus variés et nous sensibiliser autant à la misère qu’au bonheur. Les artistes ont, eux aussi, été des hommes qui ont parcouru l’existence avec plus ou moins de bonheurs. La vie n’est-elle pas souvent un mélange des deux?

On me demande souvent pourquoi je ne ma consacre pas entièrement à l’enseignement et aux conférences. J’ai depuis longtemps trouvé la réponse, sans doute étrange pour certains. Je vous l’avais déjà dit aux touts débuts de ce blog, je vous le réaffirme avec plus de force encore aujourd’hui.

J’ai souvent insisté sur le caractère humain et tolérant que doit absolument revêtir un exposé sur l’art et sur la musique en particulier. Or, pour rester humain et ouvert, il n’y a rien de tel que de se plonger dans le monde et dans la société. C’est là et seulement là qu’on peut se rendre compte des différents niveaux de culture des gens, de leurs attentes, de leurs peurs, de leurs joies et de leurs (in)certitudes.

Lorsqu’on travaille seulement dans l’isolement d’un bureau, avec comme seuls compagnons les livres et les partitions, on se détache du monde, on n’est
alors plus en mesure de le comprendre tel qu’il est. Cela provoque un discours élitiste, froid et sans la passion que les gens peuvent nous communiquer….et cela, je n’en veux pas!


Ordi


Il ne s’agit aucunement de démagogie de ma part. Ma nature est bien celle-là. Je ne dis pas que dans notre société tout fonctionne à merveille et que les gens sont tous beaux et interressants. La misère humaine est très révélatrice du monde et nourrit tous les jours un sentiment d’humanité nécessaire à celui qui s’est fixé comme but de vivre l’art intensément. Il n’y a pas dans cette démarche la manifestation d’une spiritualité particulière (je ne suis pas croyant!) pas plus que l’intention de jouer au bon samaritain. C’est seulement que je me sens homme dans une société et que les rapports de la musique avec cette société m’intéressent au plus haut point.

Ma position à la Fnac est tout à fait privilégiée pour l’observation et la rencontre des gens. On y rencontre à la fois les mélomanes les plus cultivés (qui m’apportent beaucoup culturellement et parfois humainement) et le public qui n’a pas (encore) eu la chance de découvrir la valeur profonde de la musique. Pourtant le point commun entre tous, c’est qu’ils sont des êtres humains qui vivent dans un monde difficile. Les écouter est très enrichissant et émouvant. Si je peux, en plus, leur procurer un moment de plaisir en les amenant vers la musique classique, ils se rendront compte rapidement que cette musique parle d’eux.

D’un point de vue plus terre à terre, il faut aussi savoir qu’il y a bientôt dix sept ans que je travaille à la Fnac et que j’ai mis beaucoup de mon énergie à maintenir le rayon classique dans des proportions raisonnables et à faire sortir l’enseigne de ses murs en développant des partenariats avec nos institutions musicales liégeoises. Les conférences de la Fnac ont dix-sept ans. Leur but est toujours le même: donner à chacun la possibilité de découvrir le monde de la musique classique sans tabous et sans élitisme. Toutes ces facettes de mon métier comptent aussi beaucoup.

Si j’abandonnais ce contact avec le monde de tous les jours, je ne serais plus heureux. Mes discours s’en ressentiraient sans doute à moyen terme. Je ne serais peut-être plus en phase avec les besoins de mon public et de moi-même. Mais je ne suis pas du tout altruiste. Je le fais avant tout pour moi, pour mon épanouissement personnel et l’assouvissement de cette passion de la musique et, à travers elle, de l’être humain que je suis. Voilà pourquoi, en cette année 2010, je continuerai inlassablement à vous parler de la musique et de tout ce qui me touche.