Vivement le concert !

 

Grâce au « Podcast » de la RTBF, j’ai écouté hier soir l’émission de la Première : « Les décideurs du vendredi » de Fabienne Van de Meersche. Elle recevait le directeur général de l’OPL, Jean-Pierre Rousseau http://rousseaumusique.blog.com/

 

Collaborant très régulièrement avec l’orchestre tant en qualité de présentateur des concerts commentés que dans le cadre du partenariat avec la Fnac, je confirme que, désormais, l’OPL est une entreprise moderne. Pourquoi faudrait-il s’en offusquer ? Il me semble évident qu’une entreprise doit satisfaire sa clientèle et le mot « entreprise » n’est péjoratif qu’aux yeux des immobiles et des passifs. Ce n’est pas facile tant les goûts et les exigences sont variées au sein du public. On n’est jamais bon pour tout le monde et jamais l’offre ne peut faire l’unanimité.

 

On ne sait sans doute pas assez que lors du développement des concerts payants au XVIIIème siècle, le souci de plaire et de fidéliser était déjà présent. L’histoire des formes musicales et l’avènement de la symphonie (de la sonate, plus exactement) en est le résultat. Les quatre mouvements ont une fonction « séduction » incontournable. Chaque pièce joue sur des émotions différentes. Le premier mouvement montre un contenu dramatique consistant qui implique plusieurs idées musicales contrastées (exposition des thèmes) susceptibles de s’affronter (développement) afin d’accrocher l’auditeur dès le début. Le mouvement lent joue la corde de l’émotion lyrique et parfois sentimentale (pour faire couler les larmes). Le retour à la vie se fait par le Menuet qui par la danse sort le public de la mélancolie. Enfin, le final en forme de rondo présente la mélodie que l’auditeur va retenir (refrain) tout en mettant en évidence la virtuosité des musiciens (couplets). Si vous fredonnez le refrain en sortant et que vous admirez les musiciens, l’affaire est dans le sac, vous reviendrez. Les symphonies de Haydn en sont la sublime illustration.

 

Aujourd’hui, rien n’a changé sauf qu’on joue plus qu’autrefois les œuvres du passé. Sans tomber dans la caricature, le but premier d’une entreprise musicale est de faire vivre la musique. Il n’est pas si simple de comprendre ce que cela veut dire. Organiser des concerts, ce n’est pas seulement placer un orchestre sur une scène et lui faire jouer tout ce que le public connaît. C’est aussi faire découvrir du répertoire, faire venir les artistes adéquats pour les mettre en évidence, proposer une infrastructure accueillante et sécurisante ainsi que des prix démocratiques. Justement ! Avez-vous déjà comparé les prix bruxellois ou parisiens pour un spectacle équivalent avec ceux de Liège. Comment voudriez-vous qu’une famille ordinaire puisse acheter régulièrement deux ou trois tickets pour un spectacle à … 100 euros ? Vous me rétorquerez sans doute que la cité ardente n’est pas une métropole de même rang… ! Sans doute, mais souvent la qualité liégeoise n’a rien à leur envier.

 

Cette politique d’entreprise moderne a donné un coup de fouet à la vie musicale de Liège. Les nombreuses initiatives des concerts gratuits, des réductions de prix et des attitudes favorisant la découverte amènent de nouveaux auditeurs. Loin du snobisme élitiste, ce nouveau public représente le mélomane de demain et est vraiment intéressé par la musique. Le rôle « éducationnel » n’est donc pas à négliger. La salle de concert doit être un lieu de vie, un endroit où l’on se sent bien, où l’on peut partager impressions et émotions sans langue de bois et sans complexe. Je le dis souvent : « la musique est le miroir de la vie »

 

Monsieur Rousseau insistait justement sur cet aspect « accueil » au sens large. C’est ce qui fait vivre la Salle philharmonique. Pensez à ces repas ou collations lors des festivals, aux tables qui font désormais du foyer un lieu de rencontre fréquenté avant même les concerts. On pourrait multiplier les initiatives heureuses qui contribuent à ce « plus » important. Surtout, préservez cette politique à visage humain ! C’est cela la culture. Vive la musique !