Le violon belge

 

Nous fêtons, cette année, le cent cinquantième anniversaire de la naissance du plus grand violoniste de l’école belge, Eugène Ysaye (1858-1931). Né à Liège d’une famille modeste et de musiciens de bals, notre compatriote mettra du temps à s’imposer comme l’un des plus grands virtuoses de son temps. Exclu du conservatoire de Liège à l’âge de onze ans pour indiscipline, il faudra attendre qu’Henri Vieuxtemps l’entende par hasard pour qu’il soit réintégré et reconnu comme un talent exceptionnel.


 

Photo dédicacée Ysaye

 

Il reçoit une bourse pour travailler à Paris sous la direction du maître, puis à Bruxelles avec Wienawski. Il quitte le conservatoire de Bruxelles en 1879 et est engagé par le directeur d’un célèbre orchestre de brasserie à Berlin (Orchestre Bilse) comme soliste. Là, l’ami de Brahms, Joseph Joachim le remarque et lui présente Clara Schumann.


 

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Installé à Paris à partir de 1883, sa notoriété est de plus en plus grande. César Franck (encore un liégeois) lui offre la dédicace de sa fameuse sonate pour violon à l’occasion de son mariage en 1886. Son activité est débordante. Musique de chambre, direction d’orchestre, enseignement et concerts en solo le conduisent aux quatre coins du monde. Il fonde en outre la « Société des concerts Ysaye » à Bruxelles et dirige jusqu’en 1922 l’orchestre de Cincinnati.

 

De retour en Belgique, Ysaye met fin à une grande carrière pour cause de santé (diabète). Il compose son opéra wallon Pier li Houyeu (Pierre le mineur), qui sera créé à Liège en 1931. Très proche de la Reine Elisabeth de Belgique, elle-même violoniste, il reçoit l’hommage posthume suprême. Le grand concours qui deviendra plus tard le Reine Elisabeth porte son nom de 1937 à 1951.

 

Reconnu par tous comme un musicien hors du commun, il fréquente tous les grands et joue avec eux. Citons seulement Rachmaninov, Clara Haskil, Anton et Arthur Rubinstein ainsi que Pablo Casals. Il reste encore aujourd’hui la fierté musicale de l’école belge de violon dont beaucoup de virtuoses actuels se réclament.

 

Les plus grands compositeurs de l’époque sont ses amis. Saint-Saëns, Franck, Chausson et Debussy influencent directement son style d’écriture. Franckiste dans l’âme, la musique d’Ysaye est toujours animée par les procédés cycliques, les couleurs du chromatisme aux modulations nombreuses et denses. Son amour de la petite forme lui offre une remarquable concision. Sa musique n’est jamais aride et se veut le support de l’âme. Son œuvre est encore malheureusement peu connue mises à part les six sonates pour violon solo toutes dédiées à de grands violonistes de l’époque. D’une redoutable difficulté et d’un contenu musical dense, ces œuvres font désormais partie du répertoire de base des violonistes virtuoses.

 


 

Ysaye par F P Zimmermann

Vassilieva Ysaye

 

On ne connaît pas du tout les huit concertos pour violon et orchestre et les quelques œuvres de musique de chambre qu’il nous a laissé. Par contre, on peut écouter la très belle sonate pour violoncelle seul op. 28 enregistrée par Tatjana Vassilieva chez Universal Music. L’Opéra Royal de Wallonie a ressuscité la saison dernière l’opéra oublié qui devrait paraître prochainement. Si vous voyagez hors de Belgique, vous trouverez peut-être cette rareté discographique, initialement parue chez Columbia qui reprend quelques uns des enregistrements du maître. Espérons que l’année 2008 sera celle de la renaissance pour un compositeur belge vraiment important !


 

enregistrements Ysaye

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