Il y a des jours où je me demande si le monde ne tourne pas complètement à l’envers… !
Mardi soir, au hasard du zapping, je suis tombé sur un reportage diffusé par Arte dans lequel on parlait des bienfaits du clonage. Certes, la conservation des espèces est un problème majeur de notre siècle. Le documentaire allemand (2007) menait une enquête auprès de scientifiques…presque tous américains. Pour faire vite, le postulat se résume à quelques mots. Depuis la naissance de Dolly en 1997, certains scientifiques voient dans le clonage la solution pour sauver les espèces animales menacées.
Disons d’abord que l’homme a beaucoup torturé la nature au point que les changements climatiques remettent en cause la survie de nombreuses espèces animales à travers le monde. L’homme ne semble pas épargné par ces profonds bouleversements, mais ce n’est pas de lui qu’il s’agit ici. Comme si l’évolution des espèces n’avait jamais eu lieu dans le passé (encore les méfaits du créationnisme ?), ces scientifiques ont décidé qu’il fallait les sauver, non pas en travaillant sur la préservation de la nature, mais en les clonant et en les implantant dans ce beau pays, à la nature préservée que sont les Etats-Unis (nouvelle arche de Noé ?). On croit rêver ! A moins que ce ne soit dans la logique américaine de croire que seul leur pays est épargné par les problèmes climatiques, personne ne voit comment même les clones pourront survivre.
Le problème n’est pas là. Comme le soulignait justement Albert Jacquart dans le débat qui suivait le documentaire, le clonage n’est pas la reproduction. Cette dernière permet l’évolution, certes lente, des espèces tandis que le clonage fabrique le même individu voué à ne pas évoluer et donc à mourir. Le problème est donc pris à l’envers. Soignons la nature et évitons les pollutions à grande échelle si nous voulons préserver la vie sur terre.
Autre information, autre problème. Le JT de la RTBF d’hier proposait un reportage sur les banques alimentaires en dénonçant l’appauvrissement inquiétant de la population belge. Paradoxe insupportable, nous figurons parmi les pays les plus riches de la planète et le nombre de familles franchissant le seuil de la pauvreté ne cesse de s’accroître. Dans l’autre sens aussi, cela marche. Il y a de plus en plus de riches chez nous. La solution annoncée est de renforcer les banques alimentaires pour qu’elles puissent traiter plus de demandes. Mais diable, c’est l’inverse qu’il faut faire ! Il faut, dans nos pays où il y a à manger pour tous, éradiquer la pauvreté et ne pas attendre qu’elle arrive pour nourrir les plus défavorisés. On passe décidément à côté des vrais problèmes et cela me semble inadmissible.
Mais rassurons-nous, la pauvreté des belges n’est qu’un deuxième titre du journal après le procès super médiatisé de Fourniret. Cela c’est de la vraie info. D’ailleurs, le dit procès n’a pas encore commencé que la presse en fait son premier titre depuis plusieurs jours et propose des éditions spéciales ainsi que des reportages tous aussi aguicheurs les uns que les autres.. Soigner le spectaculaire voilà ce qu’il faut pour oublier l’état de la terre et la pauvreté ! Provoquer l’effroi chez le spectateur (je vous reparlerai de l’effroi dans un prochain message consacré à la peinture) et la curiosité. Freud aurait tiré beaucoup de conclusions sur l’état de voyeurisme des médias et des populations. Il faut dire que depuis que le gouvernement est enfin sur pied, l’information politique n’est plus aussi susceptible de créer l’émoi chez le téléspectateur. Il faut donc trouver autre chose… !
Tout cela sans compter avec les très controversés Jeux Olympiques de Pékin. Les ministres et chefs d’états y vont tous de leur allusion au boycott de la cérémonie d’ouverture. Ah, il est bien temps maintenant de crier au scandale. Si le comité des Jeux était si concerné par l’application des droits de l’homme sur cette planète, pourquoi ont-ils choisi la Chine ? Ce n’est pas d’hier que la grande dictature stalinienne bafoue allègremen
t les règles les plus élémentaires de la liberté. Les événements du Tibet ne sont pas récents. Comment, dans ces conditions, l’esprit sportif et la saine émulation peuvent-ils encore être envisagés ?

Décidément, cela ne me vaut rien de zapper ! Ne croyez pas que je suis en pleine dépression, mais un coup de gueule de temps en temps fait du bien. Vite, je retourne à ma musique et je vous promets un message plus « artistique » dès demain.