Je ne me mêle jamais de politique. J’en ai déjà expliqué les raisons dans d’autres articles. Pourtant, le premier but des dirigeants devrait, me semble t-il, de veiller au bon fonctionnement du pays et de ses habitants. On a vraiment l’impression que les querelles de clocher et les intérêts personnels sont les seules motivations de nos hommes et femmes de pouvoir sur tout le territoire de la Belgique.
Nous avons tous besoin de représentants humanistes de tous les bords, d’économistes chevronnés, de décideurs honnêtes. Cependant, dans notre petit pays, de stupides conflits communautaires nous rapprochent tous les jours un peu plus d’une scission irrémédiable entre deux communautés liées depuis 1830. C’est l’image inverse qu’il faudrait donner. Nous devrions au contraire proclamer une solidarité, une identité commune et montrer au monde l’exemple d’un pays calme et paisible.
Je ne suis pas un patriote exemplaire, mais je suis convaincu que nos communautés sont faites d’hommes et de femmes qui cherchent à vivre en paix. Je crois aussi que, de part et d’autre de la frontière linguistique (quel laid terme !), les voix qui s’élèvent en des propos belliqueux ne cherchent qu’à détourner l’opinion publique par des propos (souvent extrêmes) exagérés visant seulement leur idéologie et leur bénéfice immédiat et personnel.
Je rencontre, comme beaucoup d’entre nous, des habitants de toutes les régions du pays et, le plus souvent, l’entente est cordiale. C’est vrai que des nuances culturelles nous montrent parfois une manière différente de penser le monde, mais je n’ai jamais rencontré personnellement de simples citoyens dont le but essentiel dans la vie était la fameuse scission de BHV.
Il serait temps de replacer l’église au milieu du village, de reprendre ses esprits et de considérer la politique comme une activité constructive dans un sain dialogue plutôt que de ne penser qu’à séparer un pays parmi les plus petits du monde. Quelle lamentable image donnons-nous à l’étranger. Je serais curieux de lire, sur ce sujet, des commentaires de mes nombreux lecteurs français… ! On doit rire de nos déboires et de la futilité de nos immobilismes politiques (et économiques, en conséquence). A une époque où le monde a bien besoin d’une attention à grande échelle, nous, dans un nombrilisme rétrograde, voulons faire de notre beau pays le symbole de la dispute communautaire. C’est ridicule.
Allons messieurs, redressez-vous, mettez de côté votre amour propre égocentrique et travaillez à l’avenir de la Belgique. Tous les indices semblent indiquer que tant la Wallonie que la Flandre peuvent bien se porter dans les prochaines années. Cessez de vous disputer pour Bruxelles, nous avons la chance unique d’avoir sur notre territoire la capitale de l’Europe. Montrons donc cet exemple européen d’une communauté forte et au dessus des conflits régionaux de bas étage. Soyons dignes ! Nous avons été pionniers de la Communauté Européenne, soyons le encore de la Grande Europe !
Oui, vous avez raison, Christian, les clichés, entretenus par une presse avide de sensations au premier degré, est bien triste. Je comprends parfaitement ce que vous voulez dire…! Rien n’est jamais tout à fait blanc ni tout à fait noir. Tritri a raison quand il parle de l’enseignement réducteur sur ce sujet. Cela ne contribue pas non plus à la détente puisqu’on ne se comprend plus.
Je tiens à préciser que le fait que Flamands et Wallons se séparent sur bien des points de vue ne me réjouit pas. C’est un constat que je pose. De même que le fait que nos médias radio télé se cantonnent désormais à donner des nouvelles de « leur » communauté. A force de ne plus parler les uns des autres ni les uns aux autres, une frontière culturelle a peu à peu remplacé la frontière linguistique. On parle des autres par clichés et stéréotypes…le wallon fainéant et le flamand raciste entre autres exemples.
« je peux faire état de mon désarroi – comme le fait Jean-Marc ! – face à une situation de déliquescence d’une forme d’esprit national commun à tous les Belges. »
Que peut-il en être de l’esprit « national » qq l’histoire nationale a complètement disparu des programmes d’histoire. On peut dire complètement car il reste en gros 1 chapitre par année de l’enseignement secondaire supérieur :
4éme=indépendance belge et aussi un peu l’Europe moderne et au tout début de l’année la Renaissance avec le commerce en Flandres, Charles Quint et la peinture
5éme= collaboration avec le cas Degrelle et au mieux la révolution industrielle
6éme:le fonctionnement des institutions belges contemporaines…
Qd je compare avec la France, c’est édifiant ! Suffit d’ouvrir un bête manuel français pour voir que près de la 1/2 du bouquin explore des thématiques en rapport avec la France. Désormais, on (sous entendu la hierarchie de l’enseignement) prone une histoire pro-européenne avec une ouverture sur les minorités et leur histoire. Le tout pour des résultats proches de O car l’identité européenne est inexistante chez mes élèves (fait confirmé par une récente enquête…), ce qui est très très inquiétant pour l’avenir du projet européen.
De même qui connaît un peu l’histoire de la littérature belge. Dans le secondaire, c’est passé à la trappe depuis bien longtemps. Les profs ne font plus lire Zola et Flaubert, alors Camille Lemonnier…bigre…
Je n’ai pas de solution, c’est un problème général, mais ne faudrait-il pas adapter les programmes d’enseignements !
Cher Christian, il ne s’agit pas d’avoir peur du jugement des autres nations ou de qui que ce soit. Il s’agit encore moins d’avoir une personnalité lisse et sans nuance. Ce n’est pas parce que de nombrex pays se divisent dans des nationalismes d’un autre âge que nous devons en faire de même. Nous avons été les pionniers de l’Europe, nous en avons obtenu la capitale, sachons nous en montrer digne!
Pour le reste, vous avez tout à fait raison de signaler cette rupture de plus en plus visible qui va bien au delà de BHV. Pourtant, ce problème technique risque de devenir le symbole premier de la divergence tant en Belgique qu’à l’étranger. Mais qui, dans la population sait exactement de quoi il s’agit?
Je suis bien d’accord avec JPR quand il parle de désarroi et de sombre manipulation de l’extrême droite. D’accord aussi avec le courage politique que devraient avoir nos responsables politiques.
Merci à vous deux pour ces commentaires éclairants.
cher Christian, vous dites que vous ça vous aiderait de vous « libérer » du regard que les Français et autres nations européennes portent sur la Belgique. Moi qui suis Français et ai la chance de travailler en Belgique, je me garde bien de donner des leçons (au nom de quoi d’ailleurs !), mais je peux faire état de mon désarroi – comme le fait Jean-Marc ! – face à une situation de déliquescence d’une forme d’esprit national commun à tous les Belges. Je ne pense surtout pas que le salut de la Wallonie passerait par un rattachement à la France et celui de la Flande aux Pays-Bas, je pense que la revendication identitaire des Flamands, qui conduit à des absurdités dans les communes du pourtour de Bruxelles est une dangereuse manipulation de l’extrême droite. Et qu’il faudrait sans doute un peu plus de courage à certains « leaders » politiques pour valoriser ce qui unit les Belges plutôt que d’en rester à ce qui peut les diviser.
Quelle image allons-nous donner de la Belgique? Voilà une question qui n’est pas si contemporaine. On se la posait déjà en 1996 et pas pour des raisons communautaires. Par ailleurs, la question que l’image que nous donnons de chacun de nous est au centre de nos préoccupations. Comme si notre image devait être lisse, simple à lire ou à décoder et surtout positive. Tout cela fait peu de place à la fois à la critique et à la nuance.Deux éléments qui rendent une image complexe. Cette complexité dont nous semblons nous méfier comme si tout devait être noir ou blanc.
A la vérité, si nous pouvions nous « foutre » de ce que pensent les Français et autres de l’image de la Belgique, cela nous libérerait peut-être. Car il est indéniable que quelque chose est bien cassé au niveau de la Belgique unie. Et cela se manifeste par des choses plus sensibles que BHV: le code de la route et les radars, le traitement des sans emploi, celui des sans-papiers, l’adhésion ou le rejet d’un système économique libérale….Tout cela sépare désormais nos deux communautés. Cela vaut-il un divorce? Je ne sais pas ..Mais cela ve vaut pas la crainte des autres nations européennes, elles-mêmes bien en peine avec leurs nationalismes (voir Ecosse, Pays Basque, Corse, etc..)et bien peu en position de nous donner des leçons.