Crise… !?

 

Nous y sommes ! Voilà que commence le mois le plus important de l’année pour le commerce et, bien sur, pour la Fnac, qui me concerne directement. Bonjour les horaires élargis, les « journées adhérents », les files aux caisses et les clients en grand nombre. Les deux derniers jours de novembre nous ont montré une extraordinaire hausse de régime. Heureusement ! le mois de décembre représente une portion non négligeable du chiffre d’affaire de l’année entière.

 

Et pourtant, les pronostics ne sont pas des meilleurs. Les médias ne cessent de nous parler de chômage, de faillites en série, de réductions d’effectifs, de crise et de toutes les réjouissances qui devraient nous interdire l’optimisme nécessaire pour aborder cette période. Si le monde ne tourne pas comme il le devrait et que l’indéniable crash boursier des dernières semaines n’est fait pour rassurer personne, je crois cependant que, pour l’instant du moins, la situation des consommateurs de notre pays n’est pas démesurément altérée. Ceci ne signifie pas que le marasme ne nous touchera pas un peu plus tard, comme il l’a déjà en octobre dernier.


 

Fnac


 

Mais j’ai tout de même constaté, samedi particulièrement, que les clients de la Fnac de Liège étaient particulièrement détendus face aux pressions extérieures. Leur « panier » était bien rempli et leur envie d’acheter, de faire des cadeaux ou, tout simplement, de se faire plaisir n’était pas plus entamée que l’année dernière. L’avenir proche confirmera ou infirmera ces débuts prometteurs.

 

Vous le savez, mon domaine est le disque classique, mais j’ai pu constater, chez mes collègues, une recrudescence des gros achats comme les grandes télévisions plates, les ordinateurs ou les téléphones portables à la mode. Au rayon de la musique classique, comme chaque année, les références les plus médiatisées font un carton. Certains majors (firmes de disques aux grandes parts de marché) ont profité de la fin d’année pour sortir les albums porteurs au bon moment. Ainsi, le top des ventes nous montre clairement le Bach d’Hélène Grimaud (DGG), qui devance de justesse sa collègue chanteuse Anna Netrebko (DGG) et le récital du ténor à la mode Juan Diego Florez (DECCA) qui sera en concert à l’Opéra Royal de Wallonie ce vendredi. Cécilia Bartoli et sa somnambule de Bellini parvient, encore cette année, à tenir une place de choix au sein du hit parade. Les médias multiplient évidemment les interviews, les premières pages et les publicités pour ces « générateurs » de rentées financières (Bartoli est encore, ce mois-ci, en couverture de Classica-Répertoire !). … Comme tous les cinq ou six ans, des moines médiatisés, cette fois des autrichiens (on se souvient du carton qu’avaient réalisé les moines de Silos il y a quelques temps), nous proposent un répertoire grégorien que les éditeurs et la presse aiment faire passer comme le seul moyen de se relaxer dans la tension et le stress du monde actuel…


 

Florez


 

Suivent ensuite les fameux coffrets de la firme Brilliant Classics qui proposent, et c’est bien pour le mélomane, des prix planchers pour nous offrir non seulement leurs intégrales « classiques » Mozart, Bach et Beethoven à des prix encore plus bas que d’habitude, mais aussi de nouveaux produits de qualité comme le premier volume en 150 cd’s de l’intégrale Haydn ou la totalité des œuvres de Rachmaninov, toujours très populaire malgré le snobisme déplacé de ceux qui répandent de fausses calomnies à l’égard de sa musique. Le succès du Box est légitime et les vrais mélomanes ne s’y trompent pas, Rachmaninov est un très grand compositeur !


 

Rachmaninov Brilliant


 

Mais au-delà de ces locomotives du marketing, plusieurs firmes plus modestes parviennent à convaincre par la qualité ou l’originalité de leur production. Ainsi les quelques nouveautés des labels Mirare (Engerer, Pierlot, …), Ricercar (Caccini) ou Harmonia Mundi (un superbe Lassus de Ph.
Herreweghe, …), je ne peux pas vous les citer tous ici.


 

Lassus Herreweghe


 

C’est aussi le festival des rééditions et le retour, enfin, des collections de SONY et RCA qui, sous la forme de petits coffrets proposent les premiers enregistrements de Boulez dans Ravel et Stravinsky, de Richter dans le premier livre du Clavier bien tempéré de Bach, etc. Bref, il y en a pour tous les goûts. Les rayons regorgent de marchandises et sont prêts à affronter tous les désirs d’une clientèle en quête du cadeau idéal.

 

Et après tout, n’est-ce pas aussi là la magie de la fin d’année ? Croyez-moi, il règne, en décembre, une ambiance particulière et différente du reste de l’année. On dirait même que rien n’est pareil et que c’est le mois où la folie est contagieuse. C’est aussi la période de l’insouciance et de l’exagération. La fièvre consommatrice a souvent de quoi donner le haut le cœur. Pourtant, je vous avoue que, malgré la tristesse que j’éprouve pour ceux qui, injustement, ne peuvent que regarder de loin cette frénésie, je prends un plaisir certain à observer ce vertige collectif et à aider le client à trouver son « bonheur » dans la bonne humeur et …la raison. C’est encore un aspect de mon activité que je veux « pédagogique » quoi qu’en pensent certains…