Quoi de plus simple que le début du concerto pour piano n°9 "Jeunehomme" de W.A. Mozart…? C’est ce que j’expliquais hier aux auditeurs de mes conférences à la Fnac de Liège.
Une simple phrase musicale débutant par un antécédent orchestral complétée par son conséquent au piano. Chez Mozart, tout semble couler de source. Il faut dire que sa musique fait vraiment partie de notre culture. On l’écoute comme on respire.
Oui mais voilà, en 1777, un soliste ne joue pas immédiatement. Il y a d’abord une large plage orchestrale qui expose les thèmes du mouvement. Mozart fait fort. Non seulement il fait entrer le piano immédiatement, mais il ne lui donne pas la phrase entière, uniquement le conséquent. Ce début théâtral annonce le premier des grands concertos pour piano.
Pourquoi? Mozart a 21 ans, il se sent prisonnier de Salzbourg, ville rétrograde pour l’époque. Il voudrait encore voyager et montrer qu’il est capable de créer des oeuvres modernes. Il prépare un nouveau voyage à travers l’Europe. Il profite du passage dans sa ville natale de l’énigmatique pianiste française, Melle Jeunehomme (Jenomy comme dit Mozart), pour montrer que lui aussi, il peut innover et surprendre. C’est cet esprit d’innovation qui règne partout en Europe et en particulier à Paris.
A l’image de son incipit, le concerto tout entier semble nous parler de ce défi d’indépendance que nous retrouverons plus tard dans le Mozart installé à Vienne. Audace, émotion et défi au monde (voir insolence). Voilà le Mozart tel qu’on l’aime. Pas étonnant qu’il reprenne des thèmes de son concerto dans des oeuvres plus tardives (Noces de Figaro, Symphonie concertante, Messe en ut mineur, Flûte enchantéee)…!
