Avec le printemps, le marché du disque classique reprend des couleurs. Depuis le début de l’année 2008, les sorties de cd’s s’étaient limitées à quelques rééditions « anniversaires » dont les deux superbes coffrets Karajan publiés chez EMI (j’en profite pour signaler aux acheteurs du premier box que j’ai reçu de la firme EMI le cd à remplacer, vous pouvez venir me le demander en ramenant le défectueux). Très méfiants à l’égard des perspectives de vente des nouveaux enregistrements, les maisons de disques préféraient tabler sur le patrimoine existant.
Il semblerait que ces dernières semaines remontent un peu le niveau. Même les majors (Universal, EMI, SONY/BMG, …) semblent se prendre au jeu. On a donc vu les nouvelles locomotives sortir de nouveaux cd’s pour notre plus grand bonheur.
D’abord, je voudrais citer le magnifique enregistrement de Nicolas Angelich qui est apparu dans les bacs cette semaine pour une fois avant la France. Consacré au premier concerto pour piano de Brahms (son album précédent reprenant les œuvres ultimes pour piano du même compositeur est une merveille) et accompagné par l’Orchestre de la Radio de Frankfort dirigé par l’excellent Paavo Järvi, ce cd pourra rivaliser, je crois avec les plus grandes versions du répertoire. L’orchestre, très tendu, mais jamais difforme, est d’une intensité tragique exceptionnelle. Angelich, que nous connaissons bien à Liège y est superbe de subtilité et de force. Le programme est complété par les fameuses danses hongroises du même du même Brahms en version à quatre mains avec …Frank Braley ! Que du plaisir et de l’émotion !
Il faut ensuite mentionner le remarquable DVD qui reprend cette formidable et rare représentation de l’opéra de Leos Janacek, « Souvenirs de la maison des morts » d’après le terrible roman de Dostoïevski. Cette fois c’est l’équipe Pierre Boulez (c’est la première fois qu’il enregistre Janacek. Le Boulez d’aujourd’hui est sans doute plus sensible à cette musique qu’autrefois !) et Patrice Chereau enregistrée au Festival d’Aix en Provence en 2007. C’est déjà lui qui avait mis en scène le légendaire Ring du centenaire à Bayreuth avec le même Boulez ainsi que la célèbre version de Lulu d’Alban Berg. Paru chez DGG, ce spectacle est très fort en émotion et mérite plusieurs visions pour être assimilé (je vous en reparlerai sans doute un de ces jours).
La jeune et talentueuse Hilary Hahn nous propose le trop méconnu concerto d’Arnold Schoenberg et le grand Sibelius parus chez DGG encore avec l’Orchestre de la Radio suédoise, dirigé par Esa-Pekka Salonen. Quel son ! Quelles richesses dans ses timbres ! J’aurais aimé un Sibelius plus tragique, moins beau sans doute, mais plus émouvant (comme Christian Ferras savait le faire), mais pour la splendeur sonore et la redécouverte du concerto du viennois, ce disque est le bienvenu.
Et puis, signalons déjà le nouvel enregistrement de l’Orchestre Philharmonique de Liège sous la direction de son chef Pascal Rophé et en soliste le formidable violoncelliste Marc Coppey. L’album, qui sortira prochainement chez AEON, est consacré à deux chefs d’œuvre de la musique française de Dutilleux et Caplet. Je vous en reparlerai très bientôt dans un message plus détaillé, mais dès à présent, je peux vous dire que ce sera un OPL grand cru. J’ai la chance d’avoir déjà pu l’écouter (parfois, travailler à la Fnac, ça aide… !).
Par manque de place et de temps, je ne vous détaille pas les autres remarquables sorties de la semaine comme l’excellent nouveau volume de l’intégrale Schumann par Eric Le Sage paru chez Alpha, les impromptus de Schubert par Philippe Cassard, l’intégrale Brahms de Brilliant Classics, une sixième de Mahler avec Valery Gergiev à Londres (pas encore écoutée), un nouveau Jordi Savall , Les partitas de Bach par Murray Perahia, un récital Ronaldo Villazon, … j’en passe plusieurs sans doute !
Vous le voyez, le marché semble se réveiller de la profonde léthargie que l’hiver avait provoquée. C’est tant mieux pour nous… et en plus (chouette alors !) on annonce encore un Week-End pluvieux ! Profitons-en pour écouter quelques unes de ces merveilles en espérant que l’enthousiasme printanier des maisons de disques ne fonde pas comme la neige des giboulées !