J’ai été particulièrement choqué ces derniers jours par le gaspillage de lait résultant de la colère des agriculteurs et des éleveurs. Si je m’insurge contre les conditions extrêmement difficiles de leur situation, je ne peux pas accepter que du lait, aliment de première nécessité pour la population soit déversé par les camions citernes dans un champ ou dans les égouts.
La révolte gronde. Les revenus du secteur agricole sont en danger. La situation est grave car il en va d’un métier essentiel à la prospérité d’un pays. Le problème majeur des pays du tiers-monde réside justement dans l’absence d’une agriculture performante. Dans nos pays, on affirme que la production est trop grande et qu’il faut réduire les quotas. En attendant, l’offre, plus grande que la demande ne cesse de faire baisser les prix pour les producteurs. Les consommateurs, eux, ne voient pas les prix baisser, bien au contraire.
A qui profite la situation ? A des distributeurs qui augmentent ainsi leur marge bénéficiaire ? J’aimerais le savoir afin de comprendre ce paradoxe honteux. Toujours est-il que les grandes surfaces gaspillent elles aussi des marchandises en tous genres. Je parle en connaissance de cause. En me rendant au travail, je passe tous les jours devant les bennes à ordures d’un magasin du centre ville. Ces dernières débordent presque tous les jours de pains, de boites de lait, de fruits et de légumes à peine périmés mais invendables. Ces déchets de la consommation abusive sont tout simplement envoyés aux immondices…c’est scandaleux ! il y a chez nous des tas de gens qui ont de la peine à « nouer les deux bouts » et des entreprises de grande distribution jettent des aliments par containers entiers !
Tous ces produits doivent pourtant être amortis, serait-ce là un des causes des marges bénéficiaires en hausse ? Ne devraient-ils pas mieux commander en fonction de leurs besoins réels, plutôt que de gaspiller les sur stocks ? Dans quelle société vivons-nous pour être à ce point insensible à des abus flagrants.
Il y a quelques temps, j’avais lu, je ne sais plus où, que la production de produits alimentaires en occident suffirait à faire disparaître la faim de la planète…on en est bien loin.
Les quelques distributions de lait ces derniers jours laissaient à penser que nos agriculteurs avaient plus d’âme de ceux de l’Allemagne toute voisine. Cette illusion n’a guère duré. Les scènes de provocation alimentaire ont bien débuté chez nous aussi et c’est inexcusable.
Le désespoir peut faire faire à l’homme de véritables crimes humanitaires. Que font les pouvoirs publics et l’Europe dans tout cela…Cela suffit, les promesses de dons et les bonnes résolutions. Il faut financer notre agriculture pour qu’elle nourrisse les êtres humains de chez nous et d’ailleurs, pas l’étrangler jusqu’à ce que mort s’en suive.