On a beau être adulte et savoir qu’il n’existe pas, on ne peut s’empêcher de rêver, le 6 décembre, aux merveilles du Grand Saint. Si ce n’est plus pour nous qu’il vient (quoique…), il suffit d’observer les yeux émerveillés d’un enfant qui y croit encore pour être touché par la sincère émotion, toute naïve, mais tellement belle, que génère encore aujourd’hui cette fête.
On pourrait croire que dans le monde actuel les enfants ont perdu la capacité d’imaginer, il n’en est rien. Un être humain qui a perdu son imagination est déjà mort en grande partie. Je me souviens avec émotion de ma déception le jour où, de manière officielle et presque cérémonieuse, mes parents m’ont annoncé qu’ils étaient Saint Nicolas et que les formidables images fabriquées par mon jeune esprit n’étaient que pure invention entretenue, il est vrai, par l’entourage. En fait, je le savais déjà (comme beaucoup d’enfants du reste), mais je craignais que la révélation de cette réalité ne me prive des cadeaux que la fête engendre chez nous. En Belgique, nous sommes fort attachés à cette fête, parfois plus importante, en matière de cadeaux, que Noël. Alors, je faisais comme si j’ignorais tout de la machination des parents…
Je me suis vite rendu compte que mes craintes étaient inutiles et que « Saint Nicolas » passerait toujours, qu’il existe ou pas. Prendre conscience de cela renforçait mon admiration pour mes parents qui, au nom du mythe, s’étaient effacés face au rêve pour nous laisser, mon frère et moi, cette part de rêve qui est le privilège des enfants. Je découvrais avec stupéfaction que c’étaient eux qui avaient cassé leur tirelire pour nous combler. C’était une vraie preuve d’amour. J’ai vite découvert que c’était encore mieux que de croire à Saint Nicolas, car au-delà de la date de décembre, il y avait ces deux parents qui faisaient tout pour le bonheur de leurs enfants tous les jours de l’année.
Aujourd’hui, ma fille n’y croit plus non plus depuis quelques années déjà. Mais nous ne saurions pas passer la date fétiche sans lui offrir un cadeau. Mieux que cela, du haut de ses douze ans (et je vous assure que c’est important d’avoir douze ans !), elle trouve encore du plaisir à découvrir, certains matins, quelques friandises et mandarines laissées dans ses pantoufles par le bienfaiteur des enfants…
Saint Nicolas ramène les enfants à la vie
Si la véritable histoire de Saint Nicolas est beaucoup moins poétique que celle qu’on raconte aux enfants, ne comptez pas sur moi pour vous la rappeler aujourd’hui. Laissons cette journée agir encore une fois et distiller son lot de joie. Cependant je ne peux jamais m’empêcher de penser avec tristesse à tous ceux qui n’ont jamais eu cette part de rêve, à ces enfants pour qui la vie est plus injuste et aussi à ces parents en difficulté incapables, pour diverses raisons, de partager cette joie avec les leurs. Alors, je tire mon chapeau à tous les bénévoles qui oeuvrent pour offrir cette part de magie aux plus défavorisés en collectant, récupérant, réparant et offrant ce que notre société de consommation rejette comme un trop plein. Car il n’y a rien de plus triste et désespérant qu’un enfant privé de rêve.
N’oublions jamais cependant que si le cadeau permet la joie, c’est l’amour seul qui autorise le bonheur. Il est le plus grand cadeau que l’homme puisse offrir. Ceci dit, bonne Saint Nicolas à tous !