Je profite d’un commentaire posté récemment sur mon blog et d’un peu plus de temps disponible pour sortir de mon mutisme concernant l’interprétation de la neuvième symphonie de Bruckner donnée par Louis Langrée et l’OPL il y a quelques jours…une des plus belles soirées de la saison. Le texte qui suit est assez long et je m’en excuse à l’avance. La complexité du sujet et la passion que je nourris vis-à-vis de lui m’empêche de faire court. J’espère que vous me suivrez jusqu’au bout…bonne lecture.
Je n’ai pas toujours aimé la musique de Bruckner. Comme on le dit souvent, je ne suis pas tombé dedans quand j’étais petit. Je dirais même que j’avais une aversion pour les grandes machines orchestrales comme celles de Mahler, Sibelius et, bien sur, Bruckner. J’étais bien plus attiré par la musique de chambre, par les solistes et par les concertos. Je me demandais ce que ces monstres de la musique pouvaient bien vouloir dire à travers leurs interminables symphonies et leurs longs mouvements.
C’était il y a bien longtemps et, comme tous les êtres humains, j’ai profondément revu et corrigé cette vision de la musique en considérant désormais que la symphonie est l’un des meilleurs moyens pour le compositeur de s’exprimer dans sa plénitude. La variété des timbres de l’orchestre, les possibilités infinies des grandes formes et la grandeur du propos tenu m’ont un jour été révélés par des spécialistes en la matière. J’ai d’abord découvert la musique de Mahler et, avec elle, les moyens exceptionnels pour déployer un propos philosophique à travers la grande forme orchestrale. C’était facile. Mahler était génial pour intégrer à son œuvre des propos extra musicaux qui témoignaient de ses difficultés à vivre, à exister dans le monde. J’ai reçu alors l’une des plus grandes claques de ma vie. Soudain, mon aveuglement me sautait au visage, moi qui croyais que la musique de Bach et Beethoven représentaient l’alpha et l’oméga de la pensée humaine, je me trouvais confronté à d’autres expériences existentielles que le grand orchestre traduisait à merveille.
Depuis, de nombreuses années se sont écoulées et j’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de musiciens et de mélomanes qui ont orienté progressivement ma propre conception de la musique et de ses implications dans la vie de l’homme. J’ai appris toutes les symphonies de Mahler, de Sibelius et de Bruckner (et d’encore beaucoup d’autres…). Je me suis documenté en lisant tout ce qui me tombait sous la main, j’ai acheté toutes les partitions et des dizaines d’interprétations discographiques. J’ai aussi cherché à assister à de nombreux concerts symphoniques et, petit à petit, j’ai assimilé toute cette littérature musicale romantique qui fait désormais partie de ma vie de tous les jours. La fréquentation de ces compositeurs m’a également été facilitée par les séances commentées de l’Orchestre philharmonique de Liège : « le Dessous des Quartes » au cours desquelles j’ai pu commenter quelques unes de ces œuvres en compagnie de grands chefs (Jordan, Herbig, Zilm, Langrée, Rophé, …) qui m’ont toujours aidé à y voir un peu plus clair et à formuler les choses complexes.
Tout ce qui précède n’a pas pour but de me mettre en avant, mais de vous dire combien la musique compte pour moi. C’est aussi le prétexte pour affirmer que les idées et la pensée que nous avons d’une œuvre et d’un compositeur ne sont jamais figées, mais toujours sujettes à révision. Parmi toutes ces extraordinaires découvertes, la musique d’Anton Bruckner est devenue la plus essentielle pour moi. Elle s’est imposée au fil du temps comme une véritable nourriture de vie, un tremplin pour la réflexion, une vision de l’absolu, bref, une expérience qui dépasse de loin la simple audition d’une musique « qu’on aime bien ». Depuis de nombreuses années, il ne se passe jamais une semaine sans que j’écoute une symphonie de Bruckner. Il est, tout simplement devenu mon compositeur « de base ».
C’est que j’y ai découvert, mais cela n’engage que moi, est une représentation du monde qui me séduit dans ses forces et ses faiblesses. On sait que Bruckner était un grand croyant (sans doute autant que Bach, mais avec d’autres raisons et d’autres moyens) au point de placer toute sa musique dans une optique religieuse. Alors la pre
mière question qui m’interpelle est celle-ci : Pourquoi, moi qui ne suis pas croyant, suis-je tellement ému par cette musique ? La réponse est simple. Elle transcende complètement toute confession religieuse en atteignant d’autres horizons qui, plus fondamentaux, sont les vrais moteurs de l’homme. Le temps, élément mortifère par excellence représente les inquiétudes de l’homme face à l’incertitude de la mort. La construction qui, tel un architecte, donne à ses symphonie une perfection rarement atteinte. Les trois thèmes immuables chez Bruckner représentant d’abord l’origine du monde et l’élaboration d’une force tragique (Haupthema), ensuite le chant humain dans sa fluidité et sa simplicité (Gesangthema) et enfin le moteur qui permet la lutte, le combat, la joie, le doute et l’espérance (Rythmusthema). La circulation de ces thèmes à travers la symphonie entière est le garant de l’existence et l’ouvrage symphonique s’épanouit comme la vie de l’individu à travers ses joies et ses peines. Le choral, ensuite, qui distille l’élément le plus religieux. Rédempteur à la fin de l’œuvre, il est souvent morcelé et intégré aux divers thèmes lors de déroulement de l’œuvre, comme si l’homme n’avait qu’une semi conscience de ses possibilités. Pour Bruckner, il représente la rédemption religieuse en germe en chacun d’entre nous. Transposez cela au domaine profane et vous parlerez simplement de spiritualité à l’état pur.
Le mot est lancé : « spiritualité ». Je vous avoue que je ne l’ai pas découvert tout seul. Je me souviens des premiers mois où je travaillais à la Fnac (il y aura bientôt 19 ans !), un client féru des grandes symphonies m’avait affirmé de manière presque mystérieuse pour moi dubitatif que : « Bruckner, cher monsieur, c’est de la spiritualité ! » Il avait bien raison. Au-delà du premier niveau de lecture d’une symphonie de Bruckner, il s’y déploie l’essence de l’homme face au monde. Il faut donc aller plus loin que de dire, sans avoir creusé le sujet, qu’on aime ou qu’on n’aime pas Bruckner.
Les commentaires des mélomanes et des auditeurs des concerts, lorsqu’on joue Bruckner, sont souvent déconcertants : « J’aimais bien, mais c’est un peu trop lourd ! », « Ce serait plus joli s’il y avait une demi heure de moins ! », « Bruckner, c’est génial, ça déménage ! », … Ces réflexions montrent deux choses : la première est qu’il est bien difficile d’écouter Bruckner sans préalable. Cette musique demande une attitude positive et tolérante de la part des auditeurs qui doivent aller vers l’œuvre et ne pas attendre qu’elle vienne à eux (auditions régulières, conception du temps différente de celle de notre vie de tous les jours, acceptation que la musique n’est pas que du divertissement). La seconde réside, à mon humble avis, dans la difficulté de diriger et de jouer une symphonie de Bruckner (techniquement fatiguant pour les musiciens par les longs tremolos de cordes et les longues tenues des vents, dangereux pour le chef qui, s’il n’y voit pas clair, risque d’ennuyer son auditoire en faisant se succéder des « moments » sans lien interne pendant près d’une heure et demi).
Cela explique le sentiment souvent présent de « rester sur sa faim » lorsqu’on sort d’un concert. C’est d’ailleurs un commentaire de ce type qui motive ce long article. Alors, comment sortir de cette impasse ?
Je crois sincèrement qu’il faut en premier lieu se dégager de la fâcheuse tendance à croire que la musique n’exprime rien. Cette affirmation, résultat d’une manière de penser la forme comme une fin en soi est désuète et, si elle correspond bien à certaines musiques du milieu de XXème siècle, est inappropriée pour les compositeurs du XIXème qui croyaient (avec raison sans doute) que la musique pouvait exprimer les passions humaines. L’admettre et le comprendre est le premier pas vers une sémantique musicale (il ne s’agit pas de créer un programme à l’œuvre, bien sur !) qui ouvre les portes à l’écoute de Bruckner et de beaucoup d’autres.
La deuxième démarche consiste à ne pas généraliser les moyens d’expression, mais de considérer que chaque homme s’exprime avec son propre vocabulaire. Il n’est pas question de lire Bruckner comme Brahms, pas plus que comme Wagner. Chaque homme a son langage et il est fonction de sa pensée, de sa conception du monde. S’il fait référence à ses prédécesseurs, ce n’est pas de la citation, mais une convergence des idées teintées des nuances personnelles. Pour bien saisir Bruckner, connaissons-le ! Cette connaissance n’est pas de l’érudition. Elle est le moyen d’entrer dans sa sensibilité et de se familiariser avec des notions importantes, cruciales même, comme sa vision du monde, du temps, de la mort (toutes différentes de ses collègues).
C’est ainsi qu’on parvient à une première information expressive essentielle. Bruckner ne per&
ccedil;oit pas le temps comme un autre compositeur (Bruckner a beaucoup vécu au sein de l’Abbaye de Saint Florian où le temps prend une dimension plus contemplative). Sa musique emploie une autre dimension temporelle qui peut faire peur aux interprètes et aux auditeurs. A l’image de l’univers, les choses se déroulent lentement dans une symphonie de Bruckner. Les accélérer dénature tout le propos. Cette lenteur fondamentale doit conditionner toute l’interprétation (lent ne veut pas dire traînant). Or la lenteur peut faire peur. Nous sommes habitués à ce que les événements se déroulent rapidement (Mozart, Beethoven, Mahler,…) et nous avons de la peine à maintenir l’immobilité. Chez Bruckner, je crois que le mouvement le plus lent doit servir de point de départ aux correspondances de tempo entre les différentes parties. Prenons l’exemple de la neuvième symphonie. Le troisième mouvement (et dernière musique écrite par Bruckner. Il le savait et il est donc inutile de proposer un final à cette symphonie « inachevée » achevée) est indiqué Sehr langsam (très lent). Même si la lenteur est relative à chaque individu et qu’en sortant du scherzo (animé), on a l’impression de lenteur à l’entrée du mouvement, ce serait une erreur de partir de cette impression pour conduire la demi-heure de cet immense monument. Il faut aller chercher le tempo à la fin de ce mouvement. Lorsque enfin une paix surnaturelle envahit la partition et qu’une berceuse recueillie conduit le brave Bruckner (et nous avec lui) dans l’insondable magie de son Dieu, dans le silence et l’Absolu de la mort. Avez-vous déjà entendu une berceuse agitée, trop rapide et trop brusque ? Alors, l’enfant ne s’endort pas… ! C’est là que le vrai tempo du mouvement se trouve. C’est cette pulsation là que le chef doit adopter dès le début du mouvement… et suivre scrupuleusement les rares indications de changement indiquées sur la partition. Quel est le gain en matière d’expression ? Plus d’aération, de lyrisme, de répercussion et de distribution des masses sonores, de proximité avec le silence, de sensation du temps qui s’écoule imperturbablement, …
Partant donc de ce tempo du final, il faut l’appliquer au premier mouvement nommé « Solennel » (Feierlich (misterioso)). La notion de mystère est à réserver au tout début. Un frémissement des cordes, quelques notes fondamentales des cuivres. Le mystère de la Création à partir de la vibration originelle. Le solennel est à montrer au moment de l’exposition du premier thème gigantesque (Haupthema). Solennel n’est ni vite ni lent. C’est toute la difficulté de saisir la direction adéquate… et de s’y tenir malgré la tentation d’accélérer. Le but est que les sons puissent avoir le temps de se répandre. Toute la grandeur du mystère ne résulte pas de la précipitation, mais du crescendo progressif en tempo immuable (pour Bruckner, Dieu n’a pas créé le monde dans la précipitation, mais dans un temps immuable et désormais mortifère). Trouver le tempo adéquat à ce difficile début peut se faire grâce au deuxième thème (Gesangthema) que Bruckner indique « Etwas langsamer (sehr ruhig) » (un peu plus lent (très reposant)). Très reposant, c’est l’anticipation de la berceuse finale. Correspondance de tempo, laisser chanter cette voix dans son balancement naturel, presque personne ne le fait ! C’est à partir de là pourtant que peut se définir le tempo initial, un peu plus rapide et solennel. Alors, le morceau peut se déployer dans toute sa grandeur entre force titanesque et chant de l’homme, entre grandeur et crainte.
Reste le problématique scherzo qui ressemble souvent à l’avancée lourde d’une armée en guerre. Erreur fatale ! Un scherzo, même chez Bruckner n’a rien à voir avec cela. C’est la danse dans tout ce qu’elle représente d’activité humaine. Le scherzo est la métaphore de la vie. Il doit donc danser et s’alléger. Même si les danses campagnardes ont une certaine lourdeur par rapport aux danses de salons, il faut veiller à lui donner le plus de vie possible. On doit ressentir l’existence dans ce qu’elle a d’exclusivement humain, la vie de tous les jours et là. Il ne faut cependant pas exagérer la vitesse et la légèreté. L’écriture reste très cuivrée dans le scherzo principal et cela doit rester jouable par chacun. Les motifs circulaires doivent donner une sorte de vertige agréable comme celui que nous ressentons dans les meilleurs moments de notre vie. Les contrastes de timbres nourrissent les trios et le tempo vif de ces derniers ne doit pas laisser oublier qu’une dans doit rester dansable… Et la boucle est bouclée, l’impression de lenteur ressurgit avec l’adagio final.
Je pourrais encore vous parler
longtemps de tous les autres aspects mélodiques et harmoniques, les structures en nombre d’or et les dissonances sévères, des phrasés si typiques, l’usage particulier des Tuben (tubas wagnériens) et des cuivres, mais cela serait effectivement déraisonnable dans ce cadre (une autre fois peut-être).
Le résultat d’une telle approche se trouve dans la cohérence de l’œuvre entière, dans les indispensables relations entre les mouvements et le sentiment d’une parfaite architecture. Chez Bruckner, l’homogénéité réside dans la continuité du parcours initiatique de l’œuvre. Le moindre raté à ce niveau laisse une impression mitigée et non aboutie. C’est une œuvre qui doit se vivre tant pour l’auditeur que pour le musicien. Pas question de se divertir agréablement ici, mais il s’agit de recevoir l’une des plus grandes leçons de vie et cela, c’est très difficile pour les chefs peu habitués à ce répertoire. Je pense que Louis Langrée et l’OPL s’en sont bien sortis, mais que l’œuvre doit encore être mûrie et dirigée de nombreuses fois pour atteindre sa vérité.
Il ne s’agit pas ici de prôner une interprétation lente de la symphonie (cela dépend du contexte acoustique de l’interprétation, de la résonance des sons, …). Mais il faut absolument donner une impression d’éternité, de profondeur, de spiritualité. Même les chefs les plus lents et souvent critiqués pour leur lenteur (Celibidache, Giulini, Wand, …) modifiaient leurs tempi en fonction de la salle et de leur spiritualité du moment. L’œuvre n’est jamais figée dans un tempo déterminé et valable partout et tout le temps. Elle doit vivre et se nourrir d’elle-même et le grand chef n’aura pas peur du vide terrible que cette musique doit générer chez les auditeurs et les musiciens. C’est une musique qui doit, au contraire nous y conduire, à la frontière de l’au-delà, là ou chacun sera confronté à sa propre finitude. Bruckner a choisi la sienne en dédiant son ultime chef d’œuvre « Au Bon Dieu ».
sans aller jusqu’à la reconstitution d’un finale (qui était engrande partie composé à la mort de bruckner mais qui a été éparpillé par ses proches chacunn des disciples voulant emporter un « morceau » du morceau…je ne me résigne personnellement pas à trouver dans l’adagio final l’aboutissement de la pensée du maître…certes chaque mort vient à son heure, et selon certains musicologues, vu les tensions harmoniques incroyables accumulées durant cette grande heure de lusique, peut-être bruckner sentant autant sa propre fin proche que celle du système tonal qu’il révèrait, aurait laissé cette oeuvre en chantier, même s’il eût encore vécu dix ans…les reconstitutions sont toutes intéressantes , le disque d’harnoncourt qui présente les fragments du final « tel qu’en eux mêmes » pasionnants…
concernant la lenteur, je ne sais pas si elle doit être inhérante à Briuckner…herreweghe qui est excellent dans bruckner le dirige assez rapidement (il me souvient d’une huitième urgente et fulgurante) …et que dire de carlos paîta dans cette même oeuvre…
Quand Célibidache le dirige, il me semble que c’est ce genre d’interprétation qui a déchaîné les foudres dun écrivain comme thomas Bernhardt (dan »Maîtres anciens », ed folio) pour fustiger l’approche statique,et « ridiculement » (sic)bourgeoise d’une telle musique…
quant au côté démoniaque du scherzo, il descend aussi en droite ligne des menuets de haydn quand on l’entend dirigé et comment! par bruno Walter…
certains fustigent Bruckner…goléa a fait beaucoup de dégât en France et en francophonie de manière errobbée et stupide…je me sus battu pour imposer Bruckenr a des amis mélomanes qui le détestaient…(souvent sauf la neuvième…qui pour eux comme pour nous brucknériens fervants reste une oeuvre à part)…
quelques références discographiques peut-être toute personnelless: Jochum a de multiples reprises Giulini a chicago et à Vienne, Karajan (légère préférence à la version de 1966), Bernstein Vienne innattendu, et last but not least un des derniers enregistrements live de kubelik (malgré un cor défailant) chez orfeo…sans oublier dans le sens d’une certaine décnatation Bruno Walter déjà cité et le méconnui dans ce répertoire Christoph Von Dohnanyo qui insiste sur la filiation schubertienne de l’oeuvre avec le limpide cleveland, bien loins des lenteurs pseudo séraphiques du gourou célibidache dernière manière….
complètement d’accord avec le texte de Jean-Marc et les commentaires de Christian et Hugues. Je veux juste insister sur l’importance pour l’auditeur, en concert, d’être en « résonance » avec l’oeuvre de Bruckner. Il peut arriver qu’on ne « soit pas dedans », et qu’une interprétation vous ennuie, ne vous exalte pas. Un souvenir: il y a une vingtaine d’années j’ai assisté au dernier concert d’Antal Dorati à la tête de l’Orchestre de la Suisse romande… avec la 9e de Bruckner. Moi qui adorais déjà l’oeuvre, je me suis profondément ennuyé. Quelques semaines plus tard, j’allume la radio et je tombe sur une 9e en cours de diffusion et je reste « scotché » jusqu’au bout à l’écoute de cette fabuleuse version…. C’était Dorati et l’OSR !
Pour ce qui est de l’OPL, on a plutôt eu de la chance avec Bruckner, la 9e par Herbig et Langrée, la 7e par Langrée, la 6e par Sakari, la 4e et la 5e par Guschlbauer… qui revient le 15 janvier diriger la 3e.
Je ressens le tournoiement du scherzo de la neuvième comme un gouffre où tout tombe… Ce passage est pour moi démoniaque et me rend vraiment mal à l’aise… J’y entends un peu de résignation…
Moi qui ne suis pas croyant non plus, cette musique me fascine… (Arvo Pärt aussi, mais c’est une autre histoire…)
En tout cas, pour revenir au concert de l’OPL, je n’ai jamais entendu les cuivres aussi homogènes…
Merci pour ce commentaire …qui ne me laisse pas sur ma faim 😉
Chacun a son expérience de Bruckner mais il me semble que c’est un compositeur vers lequel on ne se précipite pas en premier lieu. On le découvre souvent après d’autres.
Mais alors quelle découverte! Pour ma part, Bruckner ne me « lâche » plus non plus depuis bien longtemps. Je le dois surtout à un concert entendu à Salzbourg il y a près de 30 ans et dirigé par Karajan. Et pourtant je ne suis pas un fan de l’intégrale Bruckner de Karajan. Mais là, dans la 7e et avec le Philharmonique de Vienne, j’avais été transporté, boulversé.
Comme beaucoup, je suis souvent à la recherche de ces émotions « originelles » qui fait que depuis lors pas mal de disques comme de concerts Bruckner me laissent « sur ma faim ». Il ne faut pas en déduire que je n’ai pas ressenti d’émotion à l’écoute de la récente 9e de l’OPL dirigée par Louis Langrée.
Je vais même un peu fâcher Jean-Marc 😉 …Hé oui, même parfois Celibidache m’agace dans Bruckner. En fait, cela dépend de mon état d’esprit. Quand je suis prêt à recevoir Bruckner comme une musique spirituelle, détachée des contingences, je trouve Celibidache incomparable et je lui pardonne tout.
Le vrai problème provient peut-être du caractère équivoque de la musique de Bruckner: en commentant la 8e, Bernard Haitink disait qu’il y avait parfois aussi le diable dans cette musique là! De la part d’un chef aussi pondéré qu’Haitink, la déclaration est intéressante.
Une chose me paraît aussi évidente chez Anton: c’est l’homme qui doute. Parfois de lui-même, parfois de Dieu et souvent de l’homme en général. C’est cette profonde humilité, cette musique qui s’élève souvent timidement qui est profondément touchante chez Bruckner (aaah le début de la 5e).
Quant aux influences, si Bruckner cherche souvent Bach, il est bien souvent le grand frère de Schubert. Ce n’est que mon opinion très modeste mais certaines démarches me semblent tellement semblables (notamment avec les dernières sonates pour piano de Schubert).
Voilà …ouf je stoppe là car il n’est point sûr que mes longueurs valent celles de Franz et d’Anton 😉