Et voici le premier concert de l’U3A qui pointe le bout de son nez. Demain, à 18H nous aurons l’honneur d’écouter un magnifique récital de piano donné par Nadia Jradia.
N’étant pas un organisateur de concerts, j’ai cependant décidé, en 2005, d’entamer une série de cinq séances commentées ou non au sein de l’Université du troisième âge de Liège. J’y enseigne l’histoire de la musique depuis presque vingt ans et, le jour où le président a annoncé que les subsides octroyés par les autorités liégeoises ne suffisaient plus pour payer les frais de fonctionnement de cette grosse ASBL (plus de 2800 membres !), il devenait urgent d’organiser des activités parallèles aux cours dispensés dont les recettes seraient entièrement au profit de l’U3A. Depuis, de nombreuses activités nouvelles ont été créées (conférences, rencontres, voyages,…) pour aider financièrement et pour le plus grand plaisir des participants.
Nous avons pu bénéficier d’un piano quart queue (dont j’ai déjà par ailleurs raconté la remuante histoire) que nous avons fait restaurer pour qu’il soit praticable par les musiciens et, depuis, le succès a été au rendez-vous. C’est donc avec optimisme que j’aborde cette quatrième saison riche en surprises et en émotion. Vous pouvez consulter le programme complet dans la rubrique « Concerts de l’U3A » de ce blog.
Depuis le début des concerts, j’ai pu négocier avec la Fnac de Liège un partenariat qui me permet de rétribuer modestement les artistes qui se présentent sur notre scène et acceptent de jouer pour un cachet dérisoire. Il faut dire que l’enthousiasme du public attire les jeunes musiciens qui ont parfois du mal à trouver des engagements dans les grandes institutions musicales en Belgique.
Mais il serait tout à fait injuste de ma part de ne pas rendre hommage à tous ceux et celles qui m’aident dans cette organisation. Je ne saurais, en effet, pas porter à bout de bras tous les aspects de l’organisation de ces concerts. Ainsi, la préparation de la grande salle, son rangement après les concerts, la vente des abonnements et des tickets, l’ouverture du bar avant le concert et toutes les petites tâches pratiques (mais qui demandent du temps) sont réalisés avec la plus grande efficacité par quelques bonnes âmes généreuses. Ils se reconnaîtront, je les remercie de tout mon cœur.
Je peux déjà, par ailleurs, annoncer que la saison prochaine (qui fêtera les cinq ans d’existence de nos concerts) sera exceptionnelle et festive. Vous en saurez plus dans quelques mois. En attendant, ne boudons pas notre plaisir et en accueillant la pianiste Nadia Jradia, je savais que la grande musique serait au rendez-vous.
Formée dans la classe de Marie-Paule Cornia au Conservatoire de Musique de Huy, Nadia Jradia a remporté de nombreux concours nationaux et internationaux en Belgique et en France.
Depuis 2005, elle est brillamment diplômée du Conservatoire Royal de Musique de Liège où elle a notamment obtenu le diplôme supérieur de piano avec distinction dans la classe de Jean Schils.
Nadia Jradia
Elle est actuellement assistante au CRML et professeur
de piano à l’Académie OVA. Elle a donné de nombreux concerts en tant que soliste et chambriste en France, Tunisie, Russie, Croatie,…
Son programme débutera par la deuxième partita BWV 826 en ut mineur de Jean-Sébastien Bach. A tout seigneur tout honneur. Tirée du corpus des Six partitas pour clavecin qui forment la première partie de la « Clavier-Übung » (Exercices de clavier) et publiées à Leipzig entre 1726 et 1731, l’œuvre, à la différence des autres partitas, ne comporte que six mouvements au lieu de sept et se termine par un Capriccio au lieu de la traditionnelle gigue. Elle est cependant la plus vaste des partitas et développe un style polyphonique qui allie les principes de la suite de danses avec les écritures les plus savantes. Sa tonalité générique d’ut mineur lui confère une couleur souvent expressive inspirée de l’écriture des clavecinistes français que Bach admirait.
Nadia Jradia poursuivra son récital par les célèbres variations en fa mineur de Joseph Haydn. La première édition des variations date de 1799. C’est sans doute l’une des œuvres les plus expressives du grand corpus de piano que Haydn nous a laissé. Suivant le principe de la double variation (deux thèmes, l’un en fa mineur, l’autre en fa majeur, sont variés alternativement), l’œuvre prend des allures profondément dramatiques, tragiques et même désolées qui en font l’un des sommets de l’écriture pianistique de son temps. L’invention sonore de Haydn et les procédés pianistiques très avancés annoncent Beethoven et Schubert. On peut, sans risque de créer un anachronisme, affirmer que les variations en fa mineur constituent une remarquable avancée vers le romantisme musical.
Le récital s’achèvera par l’une des sonates les plus attachantes de Franz Schubert, en la majeur D. 664 op. 120. Composée en 1819 dans la ville de Steyr en Haute Autriche où le compositeur passait quelques jours de vacances loin de l’agitation de Vienne, cette sonate est souvent qualifiée de légère en comparaison d’œuvres beaucoup plus tragique. Cette idée est née de la dédicace à une jeune fille de dix-huit ans, fille de ses hôtes, qui jouait gentiment du piano et de la proximité de l’œuvre avec la composition du fameux quintette « la Truite » datant de la même période. Mais qu’on ne s’y trompe pas, les mélodies qui parcourent cette musique, d’une fraîcheur incroyable, cachent tous les leitmotive du compositeur. On n’aura pas de peine à y déceler le pas du Wanderer, la mélancolie profonde, les harmonies tendues et les révoltes sous-jacentes. En bout de course, la séduction première de cette musique géniale nous plongera, j’en suis sûr, au plus profond de nous-mêmes comme seul Schubert sait le faire.
Alors, il ne vous reste plus qu’à venir nous rejoindre pour une heure de musique intense. Les concerts de l’U3A sont ouverts à tous et à toutes. Venez-y nombreux, une salle pleine est la meilleure des récompenses pour le musicien et pour les organisateurs. A demain donc !