Il faut bien dire que la journée de dimanche fut l’une des plus sombres qu’ait connu l’ouest de l’Europe depuis bien longtemps. Difficile d’imaginer qu’un nom aussi charmant que Xynthia puisse générer autant de dévastations sur son bref passage en nos contrées.
Mais si la tempête en question n’a frappé la Belgique que dans l’après-midi de dimanche, elle a dévasté les régions côtières de l’île de Madère, des côtes portugaises , espagnoles et françaises avec une violence inattendue depuis le 26 février, semant la mort et la désolation sur son chemin.
Parcours de la tempête Xynthia
On ne peut qu’éprouver une profonde tristesse et une compassion sincère pour ceux qui ont perdu des proches, pour ceux qui se retrouvent dans le besoin et le dénuement. Décidément, le monde tourne de manière bien catastrophique ces derniers temps. Le séisme du Chili ne doit pas effacer l’image d’Haïti de la même manière que la tempête Xynthia ne doit pas occulter les blessures dont souffre le monde entier (sécheresses, inondations, tremblements de terre, tsunami, incendies, …) en entraînant avec elles dans la tourmente la civilisation des hommes. A moins que ce ne soit la civilisation des hommes qui provoque les blessures de la terre… Mais lorsque cela arrive près de chez nous, on est certes plus directement concerné, cela semble normal.
Xynthia en Espagne
Mais qu’ont donc les éléments à s’agiter ainsi ? Les scientifiques, tout en proclamant le caractère exceptionnel de ces événements, nous avaient bien prévenu des changements climatiques potentiels consécutifs au mode de vie des pays industrialisés. Alors aujourd’hui, on s’étonne des ravages de la nature, on commence vraiment à avoir peur de ce qui pourrait se passer dans un avenir plus proche que ce que l’on croyait. Je ne joue pas à l’alarmiste. Ce que j’essaie de dire, c’est que chaque fois, on revient avec les mêmes questions : qui est responsable ? On cherche à attribuer la faute aux dirigeants, on conduit les débats sur le terrain de la politique, mais personne ne change son comportement !
Moi-même qui vous parle ici en toute sincérité, je me surprends à pratiquer des comportements néfastes à la nature « par simple habitude ». Comme beaucoup d’entre vous, je prends ma voiture pour des déplacements que je pourrais faire en bus, en train ou même à pied. Et ce ne serait que la voiture… mais c’est aussi le confort du chauffage domestique, les déchets, bref, vous le savez aussi bien que moi, notre mode de fonctionnement dans son intégralité. Si on constate tout de même une pédagogie assez efficace des pouvoirs publics sur le recyclage et les actions diverses moins polluantes, si l’Europe proclame haut et fort son souci de préserver la terre, on constate qu’à des niveaux de pouvoir plus élevés, il est bien difficile de s’entendre. Euphémisme, c’est impossible de trouver des accords sur le climat. Les échecs des grandes réunions internationales sont le reflet de préoccupations économiques à court terme prévalant sur le futur de la terre. La population ne s’y trompe pas et plonge un peu plus dans un individualisme, un égoïsme. J’ai entendu, pendant l’hiver rigoureux de cette année des gens qui se demandent pourquoi ils baisseraient la température de leur maison d’un degré alors que leurs voisins chauffent à plein rendement. « Pourquoi moi et pas eux ? », les entend-t-on dire.
A ce train là, on n’est pas sorti de l’auberge. L’exemple ne vient pas d’en haut et là, on peut se demander ce que font les politiques. Mais sommes-nous à ce point des assistés que nous avons toujours besoin d’une autorité pour nous dicter nos comportements ? Qu’il nous faut à tous moments trouver des responsables pour les accuser de notre propre négligence ? Je sais, j’y vais un peu fort ! Il n’empêche que si les digues des bords de mer sont insuffisamment hautes pour retenir les flots d’aujourd’hui, c’est que les choses ont changé. Si la nature change irrémédiablement, nous devons nous y adapter coûte que coûte. Pourquoi construit-on dans des zones inondables ? Certains répondent que c’est parce que les politiques laissent faire… je dis oui, mais les hommes avertis en valent deux. Pourquoi avoir besoin d’une autorité pour interdire l’évidence ?
Ce que je veux dire à travers ce billet, c’est qu’il est plus facile d’attribuer la faute aux autorités (qui ne sont d’ailleurs pas à l’abri des critiques, loin de là !) que d’assumer sa propre irresponsabilité. La conscience est plus tranquille ainsi. … Et la polémique peut se développer ailleurs, s’étouffer et, après l’une ou l’autre démission, s’oublier… jusqu’à la prochaine fois ! Il est temps, si ce n’est trop tard, de prendre notre destin en main et d’affronter les forces de la nature avec plus de sérieux. C’est ce que veulent montrer les autorités de la côte belge avec leur titanesque projet d’élévation des digues permettant d’éviter les inondations pendant 10 000 ans ! Je ne peux m’empêcher de sourire de telles déclarations. On nous prend pur des abrutis ! Qui peut dire à quoi ressemblera la terre d’ici un si délai ? Certainement pas les vrais scientifiques qui semblent ne pas savoir ce qui se passe réellement. Mais ce projet devrait engloutir trois milliards d’euros. N’y a t-il rien de moins onéreux afin de pouvoir bénéficier d’autres mesures tout aussi efficaces ? Et si la mer entrait en Belgique par la France ou les Pays-Bas, quelle serait l’utilité de tels travaux ?
Usines de Liège
En fait on dit tout et n’importe quoi. On berne les gens avec des solutions qui n’en sont pas. Quand prendra t-on vraiment conscience de la réalité du monde d’aujourd’hui et de l’urgence mondiale de la situation. Je ne voudrais pas terminer ce texte par une vision trop pessimiste (ce que je ne suis pas par nature !), mais je crains que l’humanité, dans son obsession de croissance et de production, est loin d’être prête à des changements radicaux de comportements.