Le couplet du veilleur

Profitant d’un passage à Mons où j’étais invité à donner une conférence dans l’un des auditoires de l’Université, j’ai pu faire un peu de tourisme au centre-ville avant de me mettre au travail.

Marquée par l’histoire et riche d’un patrimoine architectural et culturel important, Mons est depuis 2002 la capitale culturelle de la Wallonie. Mons a également été désignée le 9 février 2010 pour être capitale européenne de la culture en 2015. Le monument majeur dont j’aimerais vous parler aujourd’hui est le beffroi.

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Construit sur une colline, dont le nom de la ville, Mons, découle, le beffroi est  l’un des plus récents parmi les beffrois de Belgique et de France. Ce beffroi, classé depuis 1936, relève du Patrimoine majeur de Wallonie et est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1999. Il est le seul du pays construit en style baroque. Mesurant 87 mètres, il domine la ville de Mons, elle-même construite sur une colline.

Unique beffroi baroque existant en Belgique, il est le monument le plus fameux de Mons. Il fut édifié entre 1661 et 1669, à l’emplacement de l’ancienne tour ronde dite « Tour à l’horloge » qui dominait la colline et donnait, dès la fin du XIVème siècle (1380) sa silhouette si caractéristique à la ville. Cette tour fut endommagée en 1548 lors du grand incendie qui ravagea une partie de la ville. Restaurée, elle s’écroula de vétusté en avril 1661, trop haute sans doute pour son diamètre et trop lourde pour la résistance de son assiette.

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Les échevins menèrent toute la procédure de l’édification du nouveau bâtiment qui occasionna une charge très lourde à supporter par la ville, et cela malgré un apport financier gouvernemental. Le plan carré de l’architecte Louis Ledoux fut choisi et, à sa mort, Vincent Anthony continua l’œuvre.

Sur le plan communal, le beffroi jouait le rôle de tour de guet, qui servit déjà en 1691 lors du siège de Mons par les troupes françaises, mais permettait aussi de détecter les incendies. En outre, l’horloge donnait déjà l’heure à toute la population rythmant ainsi la vie de la cité. On y organisa, pour la sécurité de la ville, un service de surveillance, comme pour l’ancienne tour. « En 1664, J. Delcourt, veilleur-horloger, y fut assisté par un veilleur de nuit qui était rémunéré à l’année. Au fil des ans, et par tous les temps, les guetteurs se succèdent dans la « boule » où une pendulette leur permettait de savoir l’heure pendant la nuit afin de l’annoncer ponctuellement à tous. À 11 heures du soir, le veilleur était tenu de souffler dans une trompe en fer blanc aux fenêtres des quatre faces de la tour, non sans avoir fait vibrer la bonne « Marianne » pendant quinze minutes – c’était l’heure de la retraite – se bornant, toutefois à n’utiliser que sa trompette toutes les heures. Pendant une demi-heure, il faisait entendre la cloche-porte annonçant la clôture et l’ouverture des portes de la cité » (Karl Petit, Le beffroi de Mons et son carillon, Mons, 1991).

Vers 1813, Maximilien Jacquery, veilleur de nuit depuis 1782, sollicitait des étrennes à l’époque du nouvel an et rappelait à tous ses services en distribuant une illustration naïve ; elle représentait un homme soufflant dans une trompette et comprenait le couplet de la chanson « Fanchon la vielleuse ». Ce vénérable veilleur mourut en 1818.

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Si, depuis 1934, une sirène électrique a remplacé le veilleur, le dernier sonneur démissionna en 1892 et, ce jour-là, il voulut quitter « son » beffroi avec panache. Plutôt que de descendre par l’étroit escalier, il se laissa glisser, au péril de sa vie, le long du fil du paratonnerre…

Haute de 87 mètres, cette tour de pierre se termine par une charpente compliquée, en bulbes, qui lui donne un aspect pittoresque et original. À chaque niveau correspond un décor architectonique inspiré d’un ordre antique (pilastres toscans, colonnes ioniques, pilastres à volute en aileron, …)

À l’intérieur du beffroi, un escalier de pierre, en vis, très étroit, suivant la tradition des XVème et XVIème siècles, permet d’atteindre le troisième niveau, il est ensuite relayé par des échelles de bois jusqu’au niveau de la lanterne. Le beffroi contient une horloge et un carillon de 49 cloches, d’âge différent, qui a été restauré et modernisé en 1953 et en 1985.

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Lettre de Victor Hugo datée de bruxelles en 1837 où il est question de Mons, de son beffroi et de sa grand’Place.

Victor Hugo, qui visita Mons et son beffroi, il existe d’ailleurs un grand récit de Hugo que vous pourrez consulter  en cliquant ici

http://www.mons.be/default.aspx?GUID={1AE2680D-86F9-11DA-9731-0002A58CB319}&LNG=FRA

,eut cette belle formule pour décrire la grandeur du monument montois : « Le pape, grâce à vous, tremble devant le roi, et son clocher se tait devant votre beffroi ».