Ambiance des grands jours, hier à l’OPL! Dans la Salle Philharmonique pleine à craquer, nous avons entendu deux magnifiques concerts sur lesquels j’aimerais revenir aujourd’hui.
Le récital de Frank Braley était remarquablement structuré. Centré sur Gershwin, le pianiste français nous a montré toute la finesse de son jeu et la totale liberté technique qui le craractérise. Un vrai musicien multiforme, aussi à l’aise dans la rythmique implacable de Hindemith que dans le lyrisme et le swing des songs de Gershwin. La version pour piano solo de Rhapsody in Blue nous a tous fait vibrer. On sent qu’il maîtrise cette musique jusqu’au plus profond de lui-même.
En intervenant oralement au milieu de son récital, Frank Braley n’hésite pas à se rapprocher encore du public, considérant à juste titre, l’aspect pédagogique de sa prestation. En quelques mots, énoncés clairement et sans microphone, il précise sa démarche. La musique de jazz est aussi inspirée par la musique de Debussy. Certains enchaînements harmoniques de ce dernier typiques de l’esthétique symboliste (suggérer plus que nommer) se retrouvent dans l’art de Gershwin. On se rappelle bien sur les deux voyages à Paris de l’américain et sa rencontre avec Ravel. Mais le jazz influence aussi à son tour l’Occident. Stravinsky et le jeune Hindemith nous laissent entendre cette rythmique syncopée et assymétrique typique de ces influences…Un concert qui prète à l’émotion et la réflexion sur la circulation des idées et des émotions.
Comme toujours, Frank Braley a accepté de rencontrer le public à l’issue de son concert et de dédicacer ses disques. Pour le Stand Fnac, j’avais acheté tout ce qui restait dans les stocks d’Harmonia Mundi de son cd consacré à … Gershwin justement. En cinq minutes tout était parti. On pouvait craindre un début d’émeute on stand. Pourtant, rien de tout cela. Le public liégeois sait se tenir. Patiemment, chacun a su attendre son tour pour remercier l’artiste pour les bons moments musicaux partagés. Quant au pianiste, en grand artiste, il a reçu chaque spectateur avec simplicité, ayant une petite conversation pour chacun, se laissant photographier avec ses admirateurs. Quand je vous disais que les plus grands artistes étaient aussi les plus humains…!
Le concert du soir était, je crois, le clou de la soirée. Le même Frank Braley, égal en toutes choses, allait maintenant se mesurer à la version de la Rhapsody orchestrée par Grofé pour l’orchestre de jazz symphonique de Paul Whiteman. L’OPL entrait donc en scène avec son chef Pascal Rophé décidémment plus surprenant chaque jour. Coup de chapeau à Jean-Luc Votano pour sa clarinette introductive superbe de swing et d’émotion. Bravo aussi à François Ruelle et tout le pupitre des trompettes pour leur vraie couleur jazz dans les sons bouchés. La magnifique mise en place de tout l’orchestre (il faudrait les citer tous) et l’équilibre des sonorité presque parfait.
Je ne vous cache pas que Appalachian Spring de Copland m’ait laissé assez froid. Outre les belles mélodies et les indéniables couleurs orchestrales, le ballet gagnerait peut-être à être aussi vu chorégraphié. Je me suis ennuyé et ai trouvé cela trop long.
Par contre, Amériques de Varèse, partition d’une exrême difficulté, me semble être un pièce maîtresse du XXème siècle. Le compositeur visionnaire français traite l’orchestre, les sons et les rythmes d’une façon inouïe. Préfigurant d’une part l’usage des instruments électroniques (à l’aide des instrruments classiques) et d’autre part, faisant intervenir le bruitage au sein de son orchestre, il déplace des masses sonores gigantesques en leur attribuant un rôle expressif nouveau. Pascal Rophé l’a bien dit: c’est une musique de ville avec tout ce que représente l’environnement sonre des grandes métropoles. Nous voyageons à travers les quartiers et recevons au passage des relents de mélodies diverses entourées de sirènes et des bruits de l’agitation humaine. Saisissant! Là aussi, l’orchestre à fait fort! Depuis la magnifique flûte en sol (flûte basse) jusqu’aux onze percussionnistes, tous les musiciens étaient à fond dans le jeu. Pascal Rophé, très précis, comme d’habitude, est comme un poisson dans l’eau. Il ne boude pas son plaisir à livrer au public liégeois une oeuvre rarement jouée.
Le public, curieux et impressionné (si ce n’est les deux trois personnes qui ont montré leur manque d’ouverture d’esprit en quittant la salle), a salué la prestation avec une ovation bien méritée. Superbe journée. Merci à tous, organisateurs et musiciens, pour ces moment inoubliables.
Ayant joué dans Amériques dans les concerts à Liège et Bruxelles, je peux très bien comprendre les personnes qui sont parties. J’aurais fait la même chose à leur place… A Heureusement que Copland et Gershwin étaient là!
J’étais à Liège et j’ai assité aux deux concerts ainsi que celui de Bruxelles(j’y habite)et je suis entièrement d’accord avec votre critique,j’ai trouvé que c’était bien mieux à Liège et vous avez raison ,il n’y a plus de CD disponible ni de DVD,tant mieux pour Frank,mais je ne suis pas tout à fait objective,c’est un ami que j’admire énormément depuis longtemps!
Comment ? 3 personnes ont quitté la salle durant ce chef d’oeuvre ? La, je suis baba !! Il y a donc encore du chemin à faire pour certains….. mais je peu comprendre…. quoi que……