Lièvre ou tortue ?

 

Rien de tel pour un dimanche matin que de méditer à l’aide de la sagesse du fabuleux (c’est le cas de la dire) Jean de la Fontaine (1621- 1695). Sous les mots et les phrases les plus imagés, le grand poète nous ramène à la réalité du monde.


 Jean de la Fontaine


A le relire, rien n’a changé. La Belgique, bien sur, et ses échéances qui approchent sans que rien ne bouge. Notre gouvernement est-il un lièvre ou une tortue. Espérons qu’il porte bien sa maison sur le dos… !

 

L’Europe n’est pas en reste et on attend toujours une vraie politique commune et cela semble mal parti. Les nationalismes se réveillent sous la pression de la crise. Chacun cherche à tirer l’édredon de son côté. Le récent sommet me semble  en révéler l’inefficacité politique et économique. Tout est remis à …octobre, car comme le pense le lièvre, rien ne presse… Il faut croire que la crise ne touche pas nos élus de la même manière que nous puisqu’on peut annoncer avec un sourire que rien ne presse.

 

Le monde lui-même semble opérer un mimétisme effrayant avec le lièvre aussi. Que voyons-nous de concret pour que la planète survive à notre activité destructrice ? Rien …je mens, des tas d’initiatives personnelles et disparates qui ne sont coordonnées par personne et sont anarchiques inutiles donc inutiles.


 La planète Terre


Bravo, Monsieur de la Fontaine, vous avez mis le doigt, il y a plus de trois siècles, sur notre plus grand défaut, l’excès de confiance en nous. Nous l’avons toujours, ce n’est pas la meilleure nouvelle pour l’avenir. En attendant, nous lisons toujours vos fables avec le plus grand plaisir.


 le lièvre et la tortue


Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitôt que moi ce but. – Sitôt ? Etes-vous sage ?
Repartit l’animal léger.
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore.
– Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire,
Ni de quel juge l’on convint.
Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire ;
J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D’où vient le vent, il laisse
la Tortue
Aller son train de Sénateur.
Elle part, elle s’évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu’il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s’amuse à toute autre chose
Qu’à la gageure. A la fin quand il vit
Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l’emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?