Mille !… et alors ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le monde ne prête pas à rigoler ces derniers temps. Le malheur s’abat sur le Japon, les victimes se comptent en dizaines de milliers, les forces de la nature menacent le monde, l’angoisse atomique inquiète… et Kadhafi, dans l’indifférence et l’impuissance générales en profite pour reprendre avec violence ce que le peuple assoiffé de liberté avait espéré construire. Il ne nous reste qu’à pleurer, à hurler face à cette injustice.

Mais certains vous diront que les catastrophes, les guerres, c’est toujours injustes. Même, avec une insolence insupportable, on érige les contre-performances de l’économie japonaise dans les bourses du monde comme un événement susceptible de provoquer une nouvelle récession du monde… Et puis, autre son de cloche, on est soulagé d’apprendre, avec autant d’indifférence, que finalement, cela ne devrait pas avoir de lourdes conséquences sur l’Occident. Mieux, on se réjouit de la baisse de la demande en pétrole et de la chute des prix du baril de pétrole… on pourra sans doute remplir le réservoir de notre véhicule pour moins cher « grâce » à la catastrophe japonaise !

On croit rêver ! L’être humain a-t-il perdu toute sa compassion ? N’y a-t-il plus le moindre souci de solidarité entre les hommes ? Paradoxalement, l’égoïsme individuel règne en maître alors qu’on n’a jamais autant créé de réseaux de solidarité. Ces organisations, gouvernementales ou non, ne sont que le fait de quelques passionnés. L’homme de la rue reste derrière sa télévision à lorgner l’événement, à guetter le sensationnel, à avoir peur pour lui-même. Il regarde, comme anesthésié, défiler les mêmes images, écoute répéter les mêmes commentaires. Et s’il est prêt à critiquer tout, mélanger les catastrophes japonaises avec la sécurité des centrales nucléaires belges, il n’est cependant pas disposé à agir pour que les choses changent vraiment. Cela pourrait lui coûter un peu de son confort… Paradoxe, décidément, triste monde que celui-là !

Dans ces conditions, je me demande parfois si parler de musique n’est pas indécent, si ce que je cherche à véhiculer comme humanisme à travers mes exposés, si les notions de tolérances et d’ouverture aux autres ont vraiment du sens. Je me dis souvent que je suis un utopiste. Mais, et c’est le propre d’un utopiste, je continuerai sur ma lancée en restant convaincu du message essentiel de l’art pour l’homme.

Je vous avoue que j’avais prévu un autre billet pour aujourd’hui. Je voulais marquer le coup, car c’est le millième texte que je vous écris, …oui, très exactement ! Je l’avais prévu depuis longtemps, bichonné, vous l’aurez une autre fois et vous ne saurez pas que c’était celui-là. Car aujourd’hui, je n’écrirai pas un mot de plus… Que ce millième billet soit un simple moment de silence, sans illustration, un simple instant d’hommage à toutes ces victimes, tout simplement, sans penser à nous-mêmes… pour une fois ! C’est aussi cela le blog !

3 commentaires sur “Mille !… et alors ?

  1. Ton billet est très beau et plein de ce que j’aime dans l’humanité. C’est un billet de partage… Merci !

  2. AUCUN AUTRE MILLIEME BILLET NE POUVAIT ETRE PLUS BEAU QUE CELUI-CI..
    MEME S IL A BRULE LA POLITESSE A CELUI QUE VOUS AVIEZ PREPARE AVEC
    VOTRE PASSION DE BEL UTOPISTE..
    QUELLE BELLE BOUFFEE D AIR FRAIS.!! MERCI A VOUS..

  3. votre « billet » de ce jour m’a émue à un point que ne puis exprimer. Vous avez écrit ce que je ressens, et sans doute, bien d’autres avec moi, depuis l’annonce de cette catastrophe. Surtout, surtout! continuez à nous faire part de vos commentaires musicaux… même si la musique ne peut vraiment changer le monde,
    elle nous est d’un tel réconfort. Merci à vous.

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