Guérison!

Les semaines passent, les unes après les autres, avec une vitesse inimaginable. Voici déjà le moment de vous annoncer notre prochain concert de l’U3A, le cinquième de la saison. Musique de chable au programme et quelle musique! Il s’agit en effet de la trop rare Sonate pour violoncelle et piano op. 19 de Serge Rachmaninov. Elle sera interprétée par  Étienne Capelle au violoncelle et Paul Lauwers au piano que nous connaissons bien puisqu’ils se sont produits à plusieurs reprises avec beaucoup de succès sur notre scène.


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En 1901, à 28 ans, Rachmaninov sortait d’une grave dépression imputable, en partie du moins, à l’échec de sa première symphonie et aux désordres de sa vie privée. Le traitement du psychiatre, le fameux docteur Dahl, lui fit retrouver ses facultés créatrices. Le deuxième Concerto pour piano en est le résultat le plus immédiat. La Sonate pour violoncelle et piano date de la même époque et porte sensiblement le même message.


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Serge Rachmaninov

 

Très éloignée des sonates habituellement consacrées au violoncelle, elle se présente comme un vaste poème symphonique concertant où chaque partenaire exerce à son tour une fonction orchestrale. Le violoncelle y est rarement virtuose, le propos n’est pas là, et il distille mélodies et toile de fond sur lesquelles le piano, tel un orchestre miniature, fait miroiter rythmes et harmonies. Tout y est pensé comme une écriture orchestrale. La partie de piano, d’une rare complexité, n’a rien à envier aux oeuvres solistes qui lui sont dédiées.

 

 

 

 

 

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Étienne Capelle

La sonate comporte quatre mouvements. Le premier se présente comme un mouvement moyennement rapide (Allegro moderato) précédé par une introduction lente (Lento). Sa longue mélodie slave, ses couleurs élégiaques, sa profonde mélancolie qui jamais ne parvient à dissiper complètement les nuages gris font de cette pièce un moment très émouvant. Le deuxième mouvement, Allegro scherzando, sorte d’étude-tableau, joue la carte du fantastique, celui d’un monde tourmenté. En son coeur, une romance sans paroles, véritable chant de l’âme, s’oppose aux maléfices. Les troisième mouvement est un Andante méditatif dans lequel les mélodies passent du violoncelle au piano tout en progressant du grave vers l’aigu. Moment exceptionnel de temps suspendu, il est le coeur de la sonate toute entière et nous enivre de ses mélodies typiques du compositeur. Enfin, le final, Allegro mosso, nous transporte vers la victoire. Son thème conquérant est assez rapidement interrompu par une douce berceuse. En plein coeur, les incertitudes reprennent de plus belle et il faut une forte dose de courage aux interprètes pour enfin retrouver la pleine lumière et une allégresse témoignant de la guérison du créateur.


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Paul Lauwers

 

La Sonate pour violoncelle et piano a été bien longtemps l’une des oeuvres de Rachmaninov les plus populaires en Russie. Dans un article paru dans le Strad (août-septembre 1915), Felix Salmond la décrit comme une « œuvre magnifique et inspirée ». Comment, en effet, résister au charme pur et profond de cette musique de chambre, si rare chez Rachmaninov, humble et délicate, par son parfum enivrant et comme suspendu, ses couleurs éphémères et inépuisables, sa voix fragile, son témoignage de la guérison enfin… Une seule chose à faire, nous rejoindre pour cette séance que je commenterai avec le plus grand plaisir.