La musique hongroise reste très peu connue. Si l’on excepte Franz Liszt dont le bicentenaire permet la redécouverte d’un homme attaché à son pays natal malgré son statut de citoyen d’Europe et Bartók dont de nombreuses œuvres sont encore, à tort, redoutées par de nombreux mélomanes, on ne trouve pas aisément de discographie ou de bibliographie en français sur Zoltán Kodály (1882-1967), si ce ne sont les quelques versions de Háry János (1926), son chef-d’œuvre lyrique dont il tira une suite d’orchestre fréquemment jouée ou les fameuses Danses de Galánta que le compositeur tira du folklore de sa ville natale pour le 80ème anniversaire de la Société Philharmonique de Budapest en 1933.
Kodaly dans sa bibliothèque
Mais on oublie trop souvent que Kodály est l’auteur de nombreuses œuvres de musique de chambre dont la Sonate pour violoncelle seul et les deux quatuors à cordes sont les fleurons. Et c’est justement le Premier Quatuor op. 2 (1908-1909) que le Quatuor Gong vous offrira lors du concert que je commenterai ce dimanche 9 octobre à 18H au Nouveau Coude à Coude de Neupré. Rien de tel que la formule du concert commenté pour aborder une œuvre peu connue.
Le Quatuor Gong
Car découvrir la musique de Zoltán Kodály, c’est aborder tout un pan de la musique d’Europe centrale d’une part et prendre conscience d’un travail exceptionnel le comportement musical des êtres humains. Voici, pour vous mettre l’eau à la bouche, le parcours de ce musicien hors du commun tel qu’il est présenté par l’encyclopédie en ligne Wikipedia.
« Zoltán Kodály, né le 16 décembre 1882 à Kecskemét dans l’Empire austro-hongrois et décédé le 6 mars 1967 à Budapest en Hongrie, était un compositeur, ethnomusicologue et pédagogue en musique. Il a notamment donné son nom à une méthode d’enseignement de la musique, codifiée par des disciples de sa pensée pédagogique nommée plus tard la méthode Kodály.
Zoltán Kodály a passé la majeure partie de son enfance à Galánta et Nagyszombat (maintenant Trnava, Slovaquie). Il est issu d’une famille de musiciens dont le père jouait du violon et aimait organiser des rencontres avec des amis afin de faire de la musique de chambre; quant à sa mère jouait aussi un peu de piano. Kodály reçoit une formation générale, tout en prenant des leçons de piano, d’alto et de violoncelle. Il prendra des leçons d’orgue avec Charles-Marie Widor lors de son séjour à Paris en 1906.
À l’âge de 16 ans, il compose une messe. Il entre alors à l’Université de Budapest, tout en étudiant la composition à l’Académie de musique de Budapest avec Hans Koessler. Il y rencontre Béla Bartók, qui restera son plus fidèle ami jusqu’à sa mort en 1945. Avec Bartók, il va recueillir (sur des rouleaux de cire), mettre en forme et publier une quantité considérable de chants traditionnels nationaux. Sa thèse de doctorat en ethnomusicologie achevée en 1906 (Structure strophique dans le chant traditionnel hongrois) montre bien l’intérêt de plus en plus grand qu’il porte à la musique traditionnelle. Bien que profondément ancré dans ses racines musicales hongroises, Kodály est également un précurseur formel notamment avec l’écriture de la Sonate pour violoncelle seul en 1915 qui explore un nouveau champ technique dans l’utilisation de cet instrument. Cette œuvre reste une des plus connues du compositeur. En 1919, Kodály est nommé directeur assistant de l’Académie de musique de Budapest. Certains de ses élèves, dont le compositeur hongrois György Ránki, étudieront avec lui l’ethnomusicologie.
Kodály, son épouse et Bartòk près du village de Magyargyerömonostor (en Roumanie) durant la deuxième collecte de chants en Transylvanie (1912)
La collaboration riche entre les deux compositeurs hongrois nourrira de nombreuses critiques à l’égard de Kodály qui sera entre autres suspecté de plagiat des travaux de Bartók. Ce dernier, le niera vigoureusement et défendra Kodály, comme en 1921 en écrivant :
«Depuis quelque temps certains cercles musicaux n’ont d’autre but que de me monter contre Zoltán Kodály. Ils voudraient faire croire que l’amitié qui nous unit est utilisée par Kodály pour son propre compte. C’est un mensonge des plus stupides. Kodály est un des compositeurs majeurs de notre temps. Son art, comme le mien, possède des racines doubles : il a jailli du sol paysan hongrois et de la musique française moderne [Debussy]. Mais quoique notre art ait puisé sa source dans ce sol commun, nos œuvres ont été entièrement différentes dès le premier jour… Il est possible que la musique de Kodály soit moins agressive [que la mienne], il est possible que sa forme soit plus proche de certaines traditions, il est également possible qu’elle exprime calme et méditation plutôt que des ‘orgies débridées’. Mais c’est précisément cette différence essentielle qui, trouvant à s’exprimer dans sa musique en une manière de penser complètement nouvelle et originale, rend son message si précieux…».
En 1923, il compose une de ses œuvres chorales majeures ; le Psalmus Hungaricus, pour célébrer le cinquantième anniversaire de l’union de Buda et de Pest : c’est un immense succès dans son pays, ainsi qu’en Europe et aux États-Unis. En 1925, un concert de ses œuvres pour chœur d’enfants le révèle comme un maître incontesté du contrepoint vocal.
En 1946-47, il se rend aux États-Unis, en Angleterre et en Russie pour diriger des concerts de ses œuvres. Il recevra le Prix Kossuth à trois reprises (1948, 1952 et 1957). Kodály composera également de la musique de chambre (Quatuors à cordes, Sonates pour violoncelle, etc.), et des œuvres symphoniques remarquables (Háry János, Soir d’été, etc.).
Kodály et Menuhin
Kodály a créé une œuvre chorale très importante. Il utilise notamment des chansons, des contes, des ballades et des mélodies populaires. Celles-ci reprennent des scènes de vie paysanne, des thèmes bibliques ou héroïques avec l’accent magyar. Il développera de nombreuses méthodes d’enseignement de la musique, dont on parle encore aujourd’hui sous le terme de méthode Kodály, initiant les jeunes enfants au chant et à la tradition chorale. Kodály restera sans doute comme le créateur de l’art choral du XXe siècle.
Parmi ses élèves, figurent Ferenc Fricsay, György Kósa, Tibor Varga, Lili Kraus, Tamás Vásáry, Erzsébet Szőnyi. » (Wikipedia)
Parcours particulièrement intéressant qui permet de redécouvrir un compositeur hors du commun. Soucieux de partager l’art musical en tant que substance essentielle de la vie des hommes, Kodály a trouvé un langage musical qui lui est propre et qui, à travers sa culture nationale, dépasse l’anecdote pour accéder à l’essentiel, l’expression de l’âme.
Alors venez passer deux bonnes heures en notre compagnie pour cette nouvelle aventure musicale.