Humeurs…

Sans doute est-ce une question de dépit, il y a longtemps que je n’ai plus abordé l’actualité extra-musicale… déprimante de ces derniers mois. Mais hier, une éclaircie, ou du moins ce qui nous a été présenté comme telle, s’est produite dans le ciel nuageux de l’automne… de l’automne? Cela fait 485 jours que nous avons voté et nous n’avons pas encore de gouvernement! Et même si cela semble ne plus devoir tarder la Belgique vient de battre tous les records en la matière au plus grand étonnement de nos voisins et à la stupéfaction de tous les observateurs.

Ma foi, si la situation du monde n’était pas ce qu’elle est actuellement, on pourrait se dire qu’il fallait bien réformer nos vielles structures nationales. On aurait même pu prendre autant de temps pour régler tous ces différents qui animent les différentes communautés du pays et viser, une fois pour toutes, la vraie réforme. Mais le problème, c’est que le monde est en crise profonde. C’est que les dettes sont tellement gigantesques qu’elles engloutissent des pays entiers auxquels nous sommes inéluctablement liés. Dans l’œil du cyclone, tous les états et les banques qui ont prêté cet argent qu’ils ne récupéreront probablement pas. Alors les bourses s’affolent et les sacro-saintes agences de notations, qui semblent décidément tirer les ficelles du monde et avoir un pouvoir suprême, dévaluent à leur guise les côtes des pays, des régions, des communes et des entreprises qui se fragilisent en devant emprunter à des taux plus élevés, créant encore plus de chaos. A qui profite le crime? Sans doute à des spéculateurs, mais pas aux pays qui doivent intervenir pour éviter les crash plus terribles encore en renflouant banques et états au bord de la faillite… s’exposant alors eux-mêmes à des difficultés imminentes…, bref un cercle vicieux terrifiant!

 

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Et pendant ce temps, nos hommes politiques négocient une réforme de l’état pendant presqu’un an et demi sans se soucier du reste du monde qui vacille. Heureusement qu’un gouvernement « en affaires courantes » veille au grain… avec les moyens amputés que peut avoir un tel statut. Heureusement, finalement, que le roi Albert II a frappé du poing sur la table le jour de la fête nationale secouant un peu tout ce petit monde en léthargie!

Alors, en attendant, on presse au plus urgent, on prend des décisions rapides qui pourraient bien produire un effet inattendu… plus tard! On n’a plus de vrai projet à long terme, on vit sur la ligne du temps les événements en temps réel et on place une bien maigre rustine sur le pneu qui fuit de partout.

Mais ne faisons pas grise mine puisqu’un accord global a été trouvé et qu’il semble, dans un premier temps du moins, satisfaire toutes les parties en présence. Sourire de façade et propos rassurants. On oublie de dire que le plus dur reste à faire: affronter de face cette terrible crise dont personne ne sortira indemne! On remercie même la population d’avoir subi une si longue période d’incertitude sans réagir…! Et c’est vrai que le belge est un calme, un placide… ou un fataliste.

Il se peut également que, las des politciens et des troubles fête à répétition, le belge, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, s’identifie à d’autres héros et soit plus intéressé par les chaussettes de David beckham et les pulls de Steve jobs dont les ventes ont explosé ces derniers jours, la grossesse de Beyoncé ou la comédie musicale sur la vie de Justine Henin. C’est vrai que dans les situations graves, on revient toujours à l’essentiel…! Le ridicule ne tue pas. Que dire par contre du « panier de la famille » qui ne cesse d’augmenter, des emplois qui se perdent, des salaires mirobolants des hommes d’affaires et des parachutes dorés indécents de certains patrons, des délocalisations, …? Reste à espérer que le sort de la Belgique de demain soit meilleur que celui de son équipe nationale de football… éliminée purement et simplement de… la compétition européenne!

Mais ce que j’espère par-dessus tout, c’est que cette réforme donnera un sérieux coup de massue aux nationalistes des tous poils. Car lorsque le compromis règne et montre toute son efficacité, il est le vrai garant de la démocratie et il réfute de belle manière les prétentions intolérantes et exclusives des extrémismes. Vous me direz que les sondages semblent montrer le contraire… Mais c’est trop tôt pour tirer des conclusions, … j’espère.

Alors maintenant, il est grand temps, s’il n’est pas trop tard, de prendre les choses vraiment en main, de former un vrai gouvernement qui rassurera tant les belges que les étrangers, qui prendra les mesures nécessaires que la Belgique puisse garder sa bonne position au sein de l’Europe. Espérons, là aussi, une politique respectueuse de tous les niveaux de la société et les chantiers sont très nombreux et épineux. Car même avec une politique extrêmement efficace, nous ne sommes pas seuls au monde et nous dépendons grandement de tout l’environnement mondial.

 

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Alors, je ne peux que souhaiter une efficacité dans les domaines fédéraux et régionaux qui posent des problèmes majeurs aujourd’hui comme, en vrac, les prisons et la criminalité, la justice, les pompiers, la santé, la sécurité sociale, l’emploi et le chômage, la politique en matière d’enseignement, d’immigration, de sans abris, de criminalité, d’environnement, de pollution, d’énergie, les finances, l’économie, la culture, … la liste n’est pas exhaustive, elle ne fait que montrer l’ampleur de la tâche!

Mais je tiens également à saluer l’endurance et la persévérance de tous ces négociateurs qui, depuis des mois, travaillent jour et nuit, sans relâche pour encore « concilier l’inconciliable ». Quelle santé! Vraiment, j’ai de l’admiration … Et, finalement, quel sens du devoir! Car, et je crois qu’il faut le demander, qui parmi nous serait capable d’une telle implication mettant entre parenthèse tous les aspects habituels de la vie des hommes comme ceux de la famille, par exemple? Je souhaite vivement que tout cela n’ait pas été vain et que la meilleure récompense de ce travail acharné soit l’amélioration du fonctionnement d’un pays qui, à vrai dire, le mérite bien… Allez! Vive la nouvelle Belgique!