Après l’anniversaire de Maria Callas en 2007, voici la commémoration d’un des pilliers de l’interprétation musicale du XXème siècle. Le grand chef d’orchestre Herbert von Karajan aurait eu cent ans cette année. Comme La Callas pour EMI, il constitue encore aujourd’hui l’une des plus grandes rentrées financières de la célèbre Deutsche Grammophon.
A défaut d’être le personnage le plus sympathique du monde des musiciens, il fut, dès les années cinquante l’un des grands représentants de l’école germanique. Si on peut parfois lui reprocher un certaine lourdeur, on doit cependant lui reconnaître un sens particulièrement profond du son, de la phrase et de la matière orchestrale.
Pendant plusieurs décennies, il a été le chef "despotique" de l’Orchestre philharmonique de Berlin (on raconte que lorsque les musiciens ont appris son décès, ils ont fait la fête!). Pourtant, il a porté cette formation au rang des meilleures phalanges mondiales. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui…! Grand spécialiste du travail en studio, il dirigeait tout le travail des ingénieurs, il a aussi marqué esthétiquement le Festival de Salzbourg dans des productions inoubliables.
Mon enfance a été bercée par sa fameuse version (1963) des symphonies de Beethoven que mes parents possédaient. Aujourd’hui encore, malgré un travail assidu sur ces oeuvres et l’assimilation de nombreuses autres versions, je ne peux m’empêcher de comparer le travail d’un orchestre avec celui de Berlin. Sa discographie est sans doute l’une des plus vaste de toute l’histoire (Harnoncourt s’en approche sans doute en quantité). Il laisse de nombreuses "version de référence" (ré-écoutez Brahms, Strauss, Beethoven, Schostakovitch, …)
Si, à la fin de sa vie, Karajan accentuait encore ce côté narcissique que de nombreux mélomanes lui reprochent (voir les films réalisés par Clouzot pour Sony, épuisés pour l’instant) , le son de son orchestre atteint une beauté inouïe. Plénitude, équilibre, couleur et ampleur sont les caractéristiques de ses derniers entegistrements. Je sais qu’une forme de snobisme consiste aujourd’hui à bouder Karajan. Même des non mélomanes me disent parfois: "Ah non! pas Karajan, c’est trop lourd!". Vous leur faites écouter à l’aveugle, ils apprécient et vous leur dites: "Et bien, c’était Karajan!" Comme quoi, les à priori…
Cette année sera donc celle des ré-éditions. EMI devrait publier un coffret reprenant tous les enregistrements réalisés pour "La voix de son maître" et Universal ressortir un édition DGG importante ainsi que les concerts filmés sur le label UNITEL. De quoi re-découvrir cet incontournable de la musique classique du XXème siècle…
Pour une fois, je suis assez d’accord avec vous, mistermystery. J’élargirais cependant la liste à de nombreux autres enregistrements des années soixante et septante (Sibelius 4 et 7, concerto pour violon avec Ferras, Missa solemnis de Beethoven, …) chez DGG qui sont encore aujourd’hui des références de premier choix. C’est vrai, le Karajan des dernières années est narcissique et souvent égocentrique, mais quel son!
beaucoup de trs bons enregistrements pour aussi quelques lamentables écueils (les concerti de Beethoven avec weiseemberg, les symphonies de Shchubert -hormis 8 et 9 – schumann- hormis 4- et mendelssohn où il n’a pas grand chose à dire…
pour moi le plus grand karajan n’est pas celui qui fait du karajan mais qui cheche à le devenir…es années 40 50 et 60 sont à thésaurises, même si il y a ancore bien des fulgurances par la suite…
-je citerai en vrac
-le coffret de l’ecole de vienne (berg schoenberg webern) chez dgg (1973-74)
-la sixime DE SIBelius (emi -1977)
-les 2 (studio et live) 9 eme de Mahler (1981-82)-dgg
-la 4 emme de nielsen (dgg)
-la 10eme de chostakovitch (2emme façon) dgg 1982
-la huitieme de bruckmer (1988 wiener philarmoniker)
certains enregistrements (beethoven brahms tichard strauss tcahikowski,) donnent l’impression d’un chef et d’un orchstre en deonstration… sinistre don giovanni enregisté sur le tard 1985-86 …
mais si non chapeau bas…le monde baroqie attend toujours son karajan…hihii
A l’écoute des disques de Rattle à Berlin j’avais aussi l’impression d’une baisse de niveau et d’une absence de personnalité. L’été dernier j’ai entendu l’OPB à trois reprises à Aix et Lucerne et franchement, il reste un redoutable orchestre d’un niveau phénoménal ! Techniquement, c’est très très impressionnant…
Je ne veux pas dire que Berlin a de moins bons musiciens que par le passé, mais que l’orchestre, dans son ensemble, me paraît moins personnalisé qu’avant. Il reste bien sûr un des grands orchestres européens, mais la personnalité de Rattle, très sympathique du reste, ne correspond pas à l’esprit de la Philharmonie. Plusieurs orchestres américains (Cleveland, Chicago,…)ainsi que Vienne et Amsterdam me semblent plus typés. A l’époque de Karajan, je crois que Berlin l’était aussi…
Berlin ne serait donc plus au panrhéon des grands orchestres? Ah bon…Ce n’était que relativement mon impression. Une impression qu’il faut peut-être nuancer par deux bémols:
1° Simon Rattle n’a jamais fait des choix faciles à suivre par le public ni dans les oeuvres qu’il dirigeait ni surtout dans la manière de les diriger
2° Les prises de son EMI actuelles sont d’une rare médiocrité. C’est terne, triste et sans relief.
Est-ce suffisant pour expliquer le recul apparent de l’orchestre ?
Agé de trente-neuf ans, j’ai découvert la musique classique au début des années 80. Grâce à qui ?
Karajan bien entendu.
La fnac n’existait pas encore mais les disquaires vendant de la musique classique avaient encore de beaux jours devant eux.
Pour la musique symphonique, pratiquement le tiers des 33 tours garnissant ces rayons (le cd allait faire son apparition peu après)était du Karajan.
C’était lui la vedette.
Les Bernstein, böhm, Abbado et autres kubelik ou Haitink devaient se partager le reste.
Principalement chez D.G., il avait avec son « Berliner Philharmoniquer » enregistré un répertoire symphonique énorme.
Du baroque : Vivaldi ,Bach ,Handel (les baroqueux allaient se charger de démoder ces versions pourtant remplies de charme à mes yeux)jusqu’au vingtième siècle en passant par ses cheveaux de bataille que sont Mozart, Beethoven, Bruckner, Brahms, Tchaikovsky, R. Strauss ou Sibelius.
Achat après achat et écoute après écoute je dois à Monsieur Karajan mon intèrêt pour la musique classique et le disque.
Et en dépit de ce que l’on peut reprocher à tel ou tel de ces enregistrements, son nom était toujours la promesse d’un son impeccable.
Ayant acheté à la Fnac ce samedi le coffret de dix cds Master Recordings, j’ai redécouvert avec émotion certains de mes bon vieux 33t (Schubert : symph 9 – Bartok concerto pour orchestre)avec en prime les pochettes d’origine.
J’ai hâte d’écouter le reste.
P.S. Pardon à ceux qui auront le courage de me lire jusqu’au bout d’être si long et bravo à Mr Onkelinx pour son blog que je lirais régulièrement avec plaisir.