Il y a des jours où l’on regrette d’avoir la manie de se tenir au courant de l’actualité. Ainsi, toutes les informations de ces derniers jours me paraissent … désespérantes et souvent exaspérantes. Alors vous ne m’en voudrez pas si, pour une fois, je déverse quelques critiques sur notre société. Ne pensez pas pour autant que je vis une période de déprime, que du contraire ! C’est justement quand tout va bien que notre esprit critique est le plus vif. On est alors plus réceptifs à ce qui nous entoure.
Ne prenons, pour commencer, que les soit-disant signes de reprise économique. Ce qui devrait être une bonne nouvelle est contrebalancé par des annonces de faillites, de fermetures et chômage. Et le pire, c’est que nous n’y pouvons rien. Depuis que l’usine OPEL d’Anvers est menacée par les restructurations du géant américain, le gouvernement flamand n’a pas ménagé ses efforts pour séduire les repreneurs, mais voyez-vous, la Flandre, qui nous semble si puissante à nous les wallons, n’a pour ainsi dire aucun poids face à la gigantesque puissance économique allemande. Et à ce propos, l’Europe n’avait-elle pas été conçue dans un esprit de solidarité entre les états ? Dans les temps difficiles, le protectionnisme a encore de beaux jours devant lui … Résultat, une usine en passe de fermer ses portes entraînant dans sa chute tous ses collaborateurs et ses sous-traitants…de quoi fragiliser l’économie d’une région entière ! on annonce que cela pourrait provoquer 10 000 chômeurs de plus en Belgique !
Et puisqu’on évoque l’Europe, n’est-il pas honteux de voir les agriculteurs dans la débâcle la plus totale ? Les producteurs de lait en sont réduits déverser des millions de litres de lait sur les champs pour essayer d’attirer l’attention de politiciens endormis ou pleinement convaincus que l’hyper libéralisme, et sa loi du plus fort (financièrement bien sur), est le seul modèle de vie valable. Ce qui m’attriste le plus, c’est que le lait, si précieux pour les populations affamées du monde entier, soit gaspillé sans faire sursauter les autorités. Mais mettons-nous à la place de ces agriculteurs qui perdent de l’argent tous les jours au lieu d’en gagner, même modestement … travailler dur pour s’appauvrir, c’est le monde à l’envers !
Je ne serais pas surpris d’apprendre que certains, comme cela se passe en ce moment chez France Telecom, en arrivent à des situations inextricables qui ne leur laissent plus la possibilité de vivre. On a beau parler de personnes fragilisées par la vie, d’individus dépressifs, il n’empêche que la vie n’est pas rose pour tout le monde. Les pressions énormes qui s’abattent sur des êtres humains qui n’y sont pas préparés peuvent avoir de lourdes conséquences, même sans en arriver aux extrémités du suicide, sur le bien-être, le sommeil, l’alimentation ou la vie de famille.
Mais on préfère tenir le bon peuple dans la terreur de cette grippe A qui, certes, semble progresser et qui peut s’avérer très dangereuse pour une population généralement épargnée par les complications de la grippe saisonnière. Méfiance, c’est sur, mais psychose, non ! Or on a parfois l’impression, surtout en France, que tout est fait pour effrayer l’homme de la rue, tant au niveau des médias que des autorités. Les médecins généralistes sont beaucoup moins alarmistes que les autorités. Les chiffres annoncés sont de toute manière complètement faux puisqu’on ne dépiste pas les malades par des analyses permettant de définir le virus en cause ! Il semble, par contre, que les médias belges soient plus discrets ces derniers temps. Il faut dire qu’ils ont bien d’autres choses à se mettre sous la dent.
Les indemnités de retraite de José Happart, ou celles de Didier Donfut sont au centre des préoccupations. Quand on pense aux bonnes résolutions en matière de salaires, de cumul et de primes annoncées au lendemain des élections… ! Non, on crie, de manière purement démagogique, qu’il faut faire payer la crise aux banques. Plus inquiétant encore, le déficit de l’état belge qui, après avoir « sauvé » les dites banques (sans parler des fameux délits d’initiés), se retrouve dans une situation annoncée comme catastrophique. L’équilibre devrait être retrouvé en 2015 (les flamands annoncent 2011 pour leur région, mais c’est peut-être sans tenir compte des catastrophes qui se jouent actuellement). Par contre, personne n’ose parler de nouvelles taxes … ce n’est pas bon pour l’image
de marque ! On fait comme si de rien n’était. On organise des Grands Prix de formule 1 qui, en plus d’être bien connus pour leurs nuisances environnementales sont aussi de formidables gouffres financiers tant pour les organisateurs (dont, évidemment, la Région Wallonne) que pour les spectateurs (prix exorbitant des places). Alors il ne nous reste qu’à prier pour que le dieu de la finance déverse un peu de sa manne céleste sur notre pays ! Tout cela n’est pas bon pour la mentalité des hommes et des femmes et les discours ne cessent de se radicaliser.
Si on est bien habitué aux déclarations « choc » d’une certaine classe politique flamande à propos de nos spécificités communautaires, un nouveau débat, certes en germe depuis bien longtemps, vient de voir le jour. Le port du foulard ou du voile (c’est comme vous voudrez) désormais interdit dans une école d’Anvers soulève, au-delà des réactions extrêmes des uns et des autres, une question fondamentale de nos sociétés modernes. L’afflux de plus en plus important de citoyens de toutes origines sur nos territoires occidentaux est une bonne chose. La diversité culturelle est une vraie richesse. Là où le bas blesse, c’est lorsque des attitudes xénophobes ou intolérantes gagnent du terrain. Les responsables ? Quelle manie de toujours vouloir trouver ceux qui ont manqué à leurs responsabilités ! Mais dans ce cas, ce sont bien les extrémismes, résultat d’un repliement des hommes sur eux-mêmes, qu’il faut fustiger. Que le foulard puisse être porté lorsqu’il s’agit d’une question fondamentale liée à une spiritualité, je suis pour. Il doit cependant être un choix mûrement réfléchi. Or de nombreuses petites filles, qui n’ont pas l’âge de raison, le portent par provocation d’elles-mêmes ou des parents. Qu’importe l’appartenance à une religion ou une spiritualité. C’est l’affaire de chacun. Par contre, en faire l’objet de l’intolérance, c’est inadmissible de quelque partie que cela vienne.
Ce qui pourrait générer un véritable danger, dans nos contrées comme ailleurs, c’est la fameuse Burka qui dissimule complètement l’individu et le rend non identifiable. Il en résulte un sentiment d’insécurité bien compréhensible au moment où des extrémistes de toutes sortes menacent l’occident de représailles… Et puis cela pose de vrais problèmes de communication dans la vie de tous les jours. Vous voyez que je ne parle pas de la liberté individuelle des femmes de porter ou non le foulard (dans mon esprit, ne pas faire l’amalgame entre voile et foulard est essentiel. Le foulard couvre les cheveux, la nuque et le cou, le voile dissimule aussi le visage !). Alors moins de provocations de part et d’autre permettraient des échanges plus sereins.
Et cette violence dans le sport qui ne se limite plus aux gradins mais envahit le terrain. C’est contagieux ! L’effet boule de neige et la surmédiatisation des faits attise encore plus les rivalités, que dis-je, les haines qui animent souvent les supporters face au camp voisin. Le sport devrait être un exemple de savoir vivre, de fair play. Au lieu de cela, c’est la foire d’empoigne… jusqu’aux joueuses de tennis qui, dans un sport pourtant réputé pacifique. Oui, un écart de conduite, sous l’effet de la nervosité, est toujours possible. Heureusement, le bon exemple est venu de la belge Kim Clijsters qui vient de nous montrer que le sport, la gentillesse et la vie de famille, c’est compatible même au plus haut niveau. Bravo !
Voilà un exemple que beaucoup devraient méditer dans leur recherche d’équilibre. Avoir une passion, y travailler d’arrache-pied sans pour autant oublier qu’on vit dans un monde où ce n’est pas toujours écraser son voisin qui fait progresser. Le travail sur soi-même et une remise en question quotidienne est, il me semble, l’une des meilleures manières de progresser et ce dans tous les aspects de la vie.
Enfin, une bonne nouvelle qui nous ramène aux trains évoqués ces derniers jours, une jeune femme a accouché dans le Thalys (TGV). La mère et l’enfant se portent bien. Décidément, les trains pourraient nous en conter, des histoires de passagers… des tranches de vie !