Conférence à Aigremont

Je donnais, dimanche en fin d’après-midi une conférence à l’invitation des Amis du Chateau d’Aigremont, une ASBL qui organise plusieurs manifestations (concerts et conférences) culturels destinées à récolter des fonds pour la restauration de l’édifice historique. La météo qui se prêtait merveilleusement à la redécouverte de l’endroit où j’avais déjà tenu un exposé en 2006. Voici donc quelques impressions du magnifique endroit entrecoupés des commentaires glanés ça et là dans les panneaux didactiques jalonnant la visite.

A mi-chemin entre Liège et Huy, se dresse le Château d’Aigremont, perché sur une ligne de crêtes de rochers envahis par la verdure.

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Le château d’Aigremont vu de la vallée.

L’origine d’Aigremont remonte très loin dans le temps et beaucoup de légendes s’y rapportent. Certains chroniqueurs racontent, notamment, que le château aurait été construit par les quatre fils Aymon. En tout cas, un fait est certain : Aigremont, alors véritable forteresse, releva d’abord de l’église de Liège.

 

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Mathias Clercx, chanoine de la Cathédrale de Liège (pardon pour la mauvaise qualité de cette image photographiée d’après une déjà mauvaise photo présente sur un didacticiel du château).

C’est en 1715 qu’un chanoine tréfoncier de la cathédrale de Liège achète un château qui avait été reconstruit au 16e siècle, sur les vestiges d’une ancienne forteresse. La construction était en très mauvais état et Mathias Clercx décide de construire un nouveau château sur des terrains contigus. Il fera édifier cette très élégante demeure restée inchangée depuis le 18e siècle.

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Château d’Aigremont au XVIIIème siècle Musée de la Vie Wallonne gravure de Remacle Le Loup.


Le bâtisseur de l’actuel château d’Aigremont est donc un chanoine de la cathédrale de Liège, Mathias Clercx. Baptisé le 7 novembre 1660, il est le dernier des treize enfants de Mathys Clercx et de Marie Stembier qui se sont enrichis dans le commerce des tissus.

Les émoluments attachés à la fonction de chanoine et les biens patrimoniaux font de lui un homme riche, assez, du moins pour acquérir une seigneurie et y faire construire, en quelques années seulement, un château et ses jardins.

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C’est donc en date du 18 mars 1715 que notre Mathias Clercx devient seigneur d’Aigremont par voie d’achat. Il se met alors à bâtir avec fièvre le château dont il semble que les plans soient de sa propre main. Aucune trace d’architecte n’apparaît dans le livre des comptes qui a été conservé comme par miracle, désignant alors avec détail et certitude les différentes étapes de la construction. Deux maîtres-maçons sont mentionnés dans un rôle d’exécutants et de conseillers. Mathias Clercx est d’ailleurs un grand amateur des traités d’architecture et sa bibliothèque personnelle témoigne de son érudition en la matière.

Côté cour intérieure, au nord, le château présente un corps de logis de sept travées, flanqué de deux petites ailes en retour d’équerre. Un avant-corps, formé des trois travées centrales marque l’axe nord-sud de l’édifice. Une aile de communs (appartements réservés aujourd’hui au responsable du château) est accolée au flanc ouest.

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Côté vallée, au sud (voir ci-dessus), les ailes se détachent en légère saillie du corps principal comme les trois travées centrales. L’avant corps est coiffé d’un fronton au tympan agrémenté d’un cadran d’horloge côté cour et des armes des Clercx côté vallée. Chaque travée est composée de fenêtres, jadis croisées, au rez-de-chaussée comme à l’étage, et présente une lucarne en toiture.

Les communs sont percés en leur centre par deux arcades à bossage en plein cintre. Elles s’ouvrent sur un porche et rythment l’aile avec d’une part les écuries au nord et la cuisine et ses services au sud. Chacune de ces parties est composée d’une porte à châssis de tympan encadré de deux fenêtres pour le rez-de-chaussée. L’étage propose des fenêtres, jadis toutes à meneaux, dans l’axe des travées.

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Vue des communs percés de leurs deux arcs en plein cintre.


Les toitures à deux versants sont recouvertes d’ardoises naturelles. Des épis à bulbe accentuent les angles du faîte et couronnent les lucarnes en bois. La couverture repose sur une corniche moulurée en bois, rappelant l’ordre toscan qui s’appuie sur un bandeau de pierre.

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Vue du château depuis la route qui accède à la propriété.


La cour intérieure, minérale avec des parterres de gazon est fermée par le château et les communs au sud et à l’ouest et par un mur d’enceinte percé d’un portail et agrémenté de fontaines au nord, d’une chapelle castrale dans l’angle nord-est et de grilles de clôture ouvrant sur les jardins à la française à l’est. La cour d’honneur est également ornée de deux jolies fontaines murales représentant Neptune et Diane, une chapelle dédiée à Saint Mathias et des jardins à la française dotés de deux petits pavillons.

 

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Fontaine de Neptune dans la cour d’honneur.

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Les jardins à la française.

 

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La chapelle du château.


A l’image des maisons patriciennes liégeoises du XVIIIème siècle, l’intérieur opulent contraste avec la sévérité de l’architecture extérieure. La vaste cage d’escalier du hall d’entrée est impressionnante. Les salons sont décorés de fines boiseries et de peintures murales. A l’italienne, ces peintures en trompe-l’œil emmènent le regard en plein ciel où s’affrontent des oiseaux, le tout porté par des feuillages, des guirlandes, des balustrades, des fruits, des fleurs qui s’approprient la moindre surface des murs. Des boiseries sculptées, des tableaux et un mobilier d’époque ornent les nombreuses pièces.

 

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Peintures du plafond en trompe-l’oeil.

 

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Le monumental escalier en bois.

 

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Le grand salon dans lequel se déroulait la conférence.

Outre l’architecture, le décor et le mobilier du château sont splendides.  Les mobiliers français et liégeois sont principalement de style Louis XIII, XIV et XV. Le château abrite aussi un bel ensemble de tapisseries de Bruxelles du XVIIème.