L’amour et la folie

 

Les hommes et les femmes n’ont pas attendu les cadeaux et les billets doux de la Saint Valentin pour se déclarer amour et passion. Cette fête, jugée aujourd’hui commerciale, serait montée de toutes pièces par les boutiquiers en mal de chiffre d’affaire entre Noël et Pâques ? …Pas si sur !

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Dans l’antiquité, le mois de février était associé à la fertilité. On y fêtait le mariage sacré entre Zeus et Héra. La Rome antique fêtait également le dieu de la fertilité Lupercus : « Les prêtres de Lupercus sacrifiaient des chèvres au dieu et, après avoir bu du vin, ils couraient dans les rues de Rome à moitié nus et touchaient les passants en tenant des morceaux de peau de chèvre à la main. Les jeunes femmes s’approchaient volontiers, car être touchée ainsi était censé rendre fertile et faciliter l’accouchement ».

Avec l’ère chrétienne, les fêtes païennes sont remplacées par des manifestations sacrées. Ainsi le Pape Gélase Ier (fin du Vème siècle) fixe la Saint Valentin à la date du 14 février en souvenir de trois martyrs nommés ainsi nommés. Les restes de paganisme mêlés aux nouvelles traditions donnent alors des légendes parfois amusantes. Ainsi celle qui prétend que pendant une période d’interdiction de mariage des soldats romains par l’empereur Claude II, Saint Valentin arrangeait secrètement les mariages. Dans la plupart des versions de cette légende, le 14 février est la date liée à son martyre. Le prénom Valentin vient du latin Valens (plein de force, valeureux).

Saint ValentinSaint Valentin guérisseur

Les mentions du jour des amoureux dans la littérature apparaissent au XIVème siècle en Angleterre et en France. C’est de cette époque que datent les échanges de billets doux et de petits cadeaux ainsi que l’habitude de nommer les adeptes de l’amour Valentin et Valentine.

Les siècles se sont écoulés depuis, mais l’amour est resté une des plus belles aventures humaines. Une chose est certaine : ce ne sont pas les cadeaux qui font l’amour. C’est la sincérité du cœur et de la passion. Les poètes en ont vanté les mérites, ont parfois cherché à le décrire et même à en expliquer l’origine… Je livre à votre méditation amoureuse cette fable magnifique …Quant à moi, je vais de ce pas embrasser ma Valentine !

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Tout est mystère dans l’Amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance :
Ce n’est pas l’ouvrage d’un jour
Que d’épuiser cette science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici :
Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l’aveugle que voici
(C’est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ;
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien
J’en fais juge un amant, et ne décide rien.
La Folie et l’Amour jouaient un jour ensemble :
Celui-ci n’était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint : l’Amour veut qu’on assemble
Là-dessus le conseil des Dieux ;
L’autre n’eut pas la patience;
Elle lui donne un coup si furieux,
Qu’il en perd la clarté des cieux.
Vénus en demande vengeance.
Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris :
Les Dieux en furent étourdis,
Et Jupiter, et Némésis,
Et les Juges d’Enfer, enfin toute la bande.
Elle représenta l’énormité du cas ;
Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas :
Nulle peine n’était pour ce crime assez grande :
Le dommage devait être aussi réparé.
Quand on eut bien considéré
L’intérêt du public, celui de la partie,
Le résultat enfin de la suprême cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l’Amour.

Jean de La Fontaine