J’ai déjà beaucoup parlé du travail de préparation d’un concert commenté avec orchestre. Hier c’était le « Dessous des Quartes » à l’OPL consacré à la symphonie n°102 de Haydn.
Il me faut toujours un certain temps pour sortir de cette expérience formidable et de l’immense plaisir de travailler avec un chef de renom et un orchestre grandeur nature. Cent fois, le film de la soirée me revient en mémoire. Je me dis que j’aurais pu encore dire ceci ou cela, que j’aurais mieux fait de formuler autrement telle idée, en bref, je me pose les questions qui peuvent améliorer ce genre de prestation.
Mais ce qui reste aussi, c’est cette vue imprenable sur la Salle Philharmonique quand on se trouve sur le plateau. Quelle belle salle ! la disposition à l’italienne vous donne l’impression que vous êtes tout petit face au parterre, aux balcons aux loges et surtout à l’amphi. Je crois qu’il y avait beaucoup de monde hier soir. De ma place, je ne distingue pas clairement tous les visages et leurs réactions. Je peux seulement dire qu’il y avait énormément de jeunes (c’est très bien !) et que l’attention était soutenue (c’est encore mieux). Cela reste finalement très impressionnant de voir et de savoir que plusieurs centaines de personnes vous écoutent avec attention, que vous n’avez pas droit à l’erreur dans le propos et que les extraits musicaux doivent être efficaces et non redondants. C’est aussi là tout l’enjeu de la réussite de la soirée.
Grisant ! Voilà le seul mot qui me vient à l’esprit pour définir cet état d’esprit qui m’habite chaque fois que je participe à ces concerts. Se trouver si proche de la musique, entendre ce que les musiciens font de l’exemple que vous commentez, sentir la respiration du chef et le frémissement des musiciens qui vont jouer, c’est tout simplement irremplaçable.
Etre parmi les musiciens change complètement l’image sonore de l’œuvre que vous entendez. La musique n’est pas faite pour être écoutée depuis l’avant de la scène. Vous ne percevez pas du tout l’ensemble de la même manière. Cela me fascine que le chef et les musiciens qui nous livrent une interprétation cohérente d’une œuvre, n’en entendent finalement qu’une partie …déformée ! Dans ces conditions, il doit être très difficile d’écouter les pupitres voisins. Vous me direz sans doute que c’est leur métier, qu’ils y sont habitués et qu’il est rare, dans une profession, de pouvoir envisager l’ensemble des activités d’une entreprise quand on en est un maillon. C’est bien pour cela qu’il y a un chef qui coordonne le tout…
Une dernière réflexion que je tiens de Gunther Herbig concernant la difficulté de prendre le bon tempo d’un mouvement : dans la vie de tous les jours, tout se met en marche progressivement. Il faut toujours un certain temps pour atteindre la vitesse de croisière. C’est comme cela en tout sauf en musique. Il faut être dedans immédiatement dans le bon tempo, avec la bonne intention et la bonne concentration. Réfléchissez-y… vous verrez, ce n’est pas si simple.