Royale fistule !

 

A la cour de Louis XIV, 1686 fut « l’année de la fistule », expression qu’utilisèrent les contemporains et qui est souvent reprise par les historiens d’aujourd’hui.


 

Louis XIV par Rigaud
 Louis XIV par H. Rigaud


Cette fistule qui incommoda l’anus de Sa majesté nécessita une douloureuse incision ( restée célèbre comme les débuts de la chirurgie moderne et pratiquée avec succès par le médecin Charles-François Félix*) le 17 novembre. Le monarque se rétablit après plusieurs mois de souffrance. Le marquis de Sourches écrivit : « cette guérison donna une extrême joie à tout le monde car on peut assurer que depuis les plus grands seigneurs jusqu’aux derniers hommes de la lie du peuple il n’y en avait eu aucun qui n’ait eu d’extraordinaires inquiétudes pour sa vie ».


 

Pigaillem Petit dictionnaire


Pour célébrer la guérison de Louis XIV, la duchesse de Brinon, supérieure de l’Ecole des demoiselles de Saint-Cyr, écrivit le poème Grand Dieu sauve le roi, que Jean-Baptiste Lully mit en musique.  

En 1714, Haendel fut émerveillé à l’écoute de ce motet, l’emporta en Angleterre sans en changer une seule note de musique et s’en attribua la paternité. En l’honneur de George Ier, il en traduisit le titre, qui devint God Save the King. C’est depuis l’hymne national des anglais.


 

 HaendelG. F. Haendel


 

En 1740, la plume d’Henry Carey en fit le texte définitif, simple traduction de la version française. 

 

Grand Dieu sauve le roi !

Longs jours à notre roi !

Vive le roi !

Qu’à jamais glorieux,

Louis victorieux

Voie ses ennemis

Toujours soumis ! 

Danse ses souvenirs, la Marquise de Créquy écrit : « Que l’hymne des Anglais naquît d’un anus, voilà qui ne cesse de me faire rire sans toutefois me surprendre ». 

* C’est moi qui ajoute cette précision