Avant d’aborder la famille des cuivres, il serait injuste de ne pas évoquer le saxophone. Même s’il ne participe qu’occasionnellement à l’orchestre symphonique, il tient cependant une place non négligeable au sein de la famille des bois. … Des bois ?!
Saxophone alto
Bien que métallique, le saxophone appartient à la famille des bois par son mode de production des notes, par la vibration d’une anche simple (comme les clarinettes). Lorsqu’on le considère comme un cuivre, on commet donc une erreur. Cependant, dans les formations rock, soul ou funk, il est associé aux trompettes et trombones et fait partie de la section des cuivres. Par contre, au sein de l’orchestre classique, il se place juste à côté du pupitre des clarinettes.
On doit son invention au facteur d’instruments de musique belge Adolphe Sax (1814-1894). Son père était lui-même un ingénieux facteur qui apporta de nombreuses améliorations au cor de chasse. Adolphe Sax fabriqua très tôt ses propres instruments, des flûtes et des clarinettes dont il était un virtuose accompli. C’est d’ailleurs grâce aux améliorations de cette dernière qu’il devint d’abord célèbre (amélioration du registre de la clarinette basse). Il quitte alors sa ville natale, Dinant, pour Paris en 1842 où il travaille sur un bugle à touches qui devient rapidement supérieur à tous les autres instruments de ce type. On le nomme alors le cor de Sax ou le Saxhorn. Mais c’est surtout la création du saxophone qui porta son nom à travers le monde. Constatant que les instruments à vent son « trop durs ou trop mous dans leur sonorité », il voulut créer un instrument « qui par le caractère de sa voix pût se rapprocher des instruments à cordes, mais qui possédât plus de force et d’intensité que ces derniers ». C’est du moins ce que l’on peut lire sur le brevet français du saxophone le 21 mars 1846. Et c’est vrai que les sonorités des saxophones sont envoûtantes.
Adolphe Sax
Mais il inventa également le fameux tuba wagnérien à la demande de Richard Wagner qui voulait un instrument d’une sonorité particulière pour exécuter le grand thème du Walhalla dans sa tétralogie. Cependant, l’instrument n’a rien de comparable avec le tuba et est sans doute plus proche du cor par sa sonorité. Il semble pourtant que ce soit Sax lui-même qui baptisa ce nouvel instrument aux sombres couleurs (souvent utilisé par Wagner, Bruckner, …).
Tuba wagnérien
Le corps du saxophone est composé de trois parties soudées ou collées réalisées en laiton : le corps conique, le pavillon et la culasse qui les relie. En fonction du membre de la famille, il comporte entre 19 et 22 clés qui commandent l’ouverture et la fermeture des trous latéraux placés sur le corps. L’extrémité haute du corps est prolongée par le bocal (démontable) qui porte le bec, lui-même équipé d’une anche simple avec ligature.
Les saxophones se regroupent en une famille de quatorze membres inventés par Sax lui-même. Mais parmi ceux-ci, seuls quatre sont utilisés couramment. Le saxophone soprano en si bémol est droit, le saxophone alto en mi bémol est le plus utilisé et est courbe comme le ténor en si bémol et le baryton en mi bémol. Ces quatre membres forment le traditionnel quatuor de saxophones. Tout comme les clarinettes, le saxophone est un instrument transpositeur. Il s’accorde en enfonçant plus ou moins le bocal dans le corps de l’instrument.
Dix saxophones différents
Après son invention, il apparaît très tôt dans les orchestres, surtout dans les opéras français (Hamlet d’Ambroise Thomas, l’Arlésienne de Georges Bizet, Le Roi de Lahore de Jules Massenet ou Henri VIII de Camille Saint-Saëns). Mais il peine à trouver sa place dans les grandes formations symphoniques. Sax parvient, par contre à l’intégrer dans les orchestres militaires, enseignant lui-même le jeu de son instrument à des ce
ntaines de recrues. Avec la guerre de 1870 et l’appel des jeunes musiciens militaires sur le front, le Collège Militaire qui était rattaché au Conservatoire de Paris fut fermé, le déclin de l’instrument aurait pu être suivi d’une disparition pure et simple, mais le sursaut vint des Etats-Unis qui développa un répertoire de soliste, puis l’adopta comme l’instrument fétiche du jazz. Et comme par un juste retour des choses, cette nouvelle popularité l’amena à nouveau dans les salles de concerts classiques grâce à des compositeurs influencés par la musique américaine comme Darius Milhaud, Maurice Ravel (qui lui accorde une place de choix dans son Boléro) ou Prokofiev (Suite du Lieutenant Kijé).
Il devient même le soliste très émouvant de la Rhapsodie de Debussy, des Tableaux d’une Exposition de Moussorgski, du concerto de Glazounov (extrait ci-dessus) et d’œuvres de Vaughan Williams, Hindemith, Martin, Ibert, … L’instrument possède aussi un répertoire très varié de sonates et d’ensembles de chambre au XXème siècle et sa popularité nouvelle en musique classique a donné naissance à orchestres de Saxophones à l’image de l’excellent ensemble belge, le Quatuor Blindman.
Sonny Rollins
La première description du saxophone est de Berlioz qui en vanta les mérites ainsi : « L’auteur de cet ouvrage n’est point obligé de mentionner la multitude d’essais de toute espèce, que font journellement les fabricants d’instruments de musique, leurs prétendues inventions plus ou moins malheureuses, ni de faire connaître les individus inutiles qu’ils veulent introduire dans le peuple des instruments. Mais il doit signaler et recommander à l’attention des compositeurs les belles découvertes que d’ingénieux artistes ont faites, surtout quand l’excellence du résultat de ces découvertes a été généralement reconnue …Monsieur Sax…a comblé plusieurs vides existant dans la famille des instruments de cuivre. Son principal mérite néanmoins est la création d’une famille nouvelle, complète depuis quelques années seulement, celle des instruments à anche simple à bec de clarinette et en cuivre. Ce sont les saxophones ».
« Ces nouvelles voix données à l’orchestre possèdent des qualités rares et précieuses. Douces et pénétrantes dans le haut, pleines, onctueuses dans le grave, leur médium a quelque chose de profondément expressif. C’est en somme un timbre sui generis, offrant de vagues analogies avec les sonorités du violoncelle, de la clarinette et du cor anglais, et revêtu d’une demi-teinte cuivrée, qui lui donne un accent particulier… »
Berlioz, qui pourtant était souvent très sévère dans ses jugements, était manifestement tombé amoureux de l’instrument de Sax. Et il n’est pas le seul ! Aujourd’hui, tous les types de musiques l’ont adopté. Qui n’ jamais vibré au son d’un saxophone.. ?
Vous avez raison. Votre oeil a été plus attentif que le mien. Le tuba wagnérien se joue effectivement de la main gauche et son embouchure est proche de celle du cor. J’ai donc remplacé l’image par une nouvelle plus adéquate. Merci beaucoup pour votre commentaire.
Etes vous sur de cette image du tuba Wagnérien ? Il me semble que le Tuba wagnérien se joue de la main gauche…
Moi j’y vois plutot un Tuba à palettes ordinaire Tchéquie, mais je peux me tromper…
Amicales salutations,
Claude SENES.